Editeur : L’Atelier Mosesu
Date de sortie : 20 octobre 2016
Genre : steampunk

Synopsis

J’ai séjourné en hôpital psychiatrique. Pas de quoi fouetter un chat sauf lorsque, comme moi, vous êtes fils de stars. Par crainte du scandale, mes parents m’ont expédié loin d’Hollywood, dans la vieille Europe. Les meilleurs spécialistes m’ont déclaré guéri. En vérité, la thérapie a échoué. Les songes ont repris, plus dangereux que jamais. 

Malgré moi, je me trouve mêlé aux intrigues de puissants Rêveurs. Des gens charmants et bien décidés à m’éliminer, mais avec élégance. M’entêter serait totalement déraisonnable, pourtant que voulez-vous, deux plaies restent ouvertes. 

La première est une fille.
La seconde s’appelle vengeance. 

Je m’appelle Walter Krowley. Vous tenez mon journal intime. Prenez-en soin. Ce livre pourrait devenir mon testament…

Critique

Ce coup de coeur que j’attendais

Une fois n’est  pas coutume, j’ai craqué pour du steampunk. En temps normal, ce n’est pas un genre qui m’attire, mais j’ai fait une exception. En effet, la quatrième de couverture a tellement bien fait son travail, que je n’avais qu’une envie en la découvrant : débuter ce one-shot ! J’ai donc pris le risque de l’acheter et, vu le plaisir que j’ai eu à le lire, heureusement ! Cela faisait un moment que je n’avais pas eu de coup de coeur – plus depuis Les Puissants de Vic James, dont la lecture remonte à cet été. Je désespérais donc que cela ne se reproduise un jour….

Mais commençons par le commencement ! J’ai déniché cette petite merveille lors des Halliennales 2017 où l’auteur a eu la gentillesse de me dédicacer mon exemplaire :

IMG_0313

Une plume incroyable

Vous me pardonnerez l’expression, mais… je suis sur le cul ! Le style envoûtant d’Anthelme Hauchecorne m’a transportée dès les premières lignes, et je n’en reviens toujours pas. Sa plume est à la fois poétique et dotée d’un humour subtil.

Bref, c’est d’une fluidité absolue, les pages se tournent à toute vitesse et, les chapitres étant assez courts, on ne voit pas le temps passer. J’ai eu l’impression que les mots filaient entre mes doigts ! Pour vous prouver mes dires, voici comment débute le livre :

« Ils l’enterreront demain.
Lorsqu’on a si bien connu quelqu’un, sa disparition soudaine vous laisse comme amputé. Je devrais être anéanti, pourtant une partie de moi espère.
Ce ne serait pas la première fois que je croirais l’avoir perdue. A force, je me méfie. Cette fille sait manoeuvrer son monde. Même la Faucheuse, cette garce cosmique, s’empêtrerait dans ses filets. Et puis qu’est-ce que la mort sinon un long rêve ?
Une voix me murmure à l’oreille que ces funérailles sont une fumisterie. Je préfère réserver mes larmes pour une meilleure occasion.
Je dois rédiger l’éloge funèbre en son honneur. Les mots me fuient. Ma corbeille dégueule de feuilles froissées. Voyez-vous, rédiger l’oraison d’une morte perd de son intérêt, pour qui nourrit de sérieux doutes sur son trépas. »

Le talent de l’auteur transparaît jusque dans les titres de ses chapitres : « Cet ange reviendra des Enfers », « Les Poltrouilles ne savent pas rêver » ou encore « Promenons-nous avec la Mort ». Vous l’aurez compris, je suis sous le charme !

Prêt pour un voyage onirique ?

Je vous ai parlé de la forme du récit, attaquons-nous maintenant au fond. L’univers créé par Anthelme Hauchecorne fourmille d’idées. Ma découverte du monde des rêves m’a d’ailleurs fait penser à Monstres et Cie pour le système des portes et aux dæmons dans la série À la croisée des mondes pour les Ça, ces créatures auxquelles les rêveurs sont attachés et qui sont comme une extension de leur âme.

Pour autant, l’originalité de ce roman ne fait aucun doute ! C’est un mélange atypique d’humour, de bizarreries et de rebondissements. Même si, au début, je n’y comprenais pas grand-chose, cela n’a fait que renforcer mon envie de percer les mystères de cette intrigue extrêmement bien ficelée. Et, croyez-moi, ils sont nombreux !

La dynamique ainsi mise en place a néanmoins été finement étudiée, ce qui a permis d’aboutir à un résultat convaincant. En fait, Journal d’un marchand de rêves nécessiterait une deuxième lecture. Car, comme je l’ai dit, au début on se sent surtout ballotté dans tous les sens et on a l’impression que les choses arrivent un peu par hasard, mais pas du tout ! Les évènements sont liés, même si on ne le comprend pas au premier abord.

Quant à la fin, voilà ce que je me suis dit : la boucle est bouclée. Je ne vous en dirai pas plus, mais quel bonheur de voir les liens logiques s’établir enfin dans mon esprit, lorsque j’ai compris les dessous de l’intrigue.

Une troupe de joyeux lurons… ou pas !

Les personnages sont à la hauteur de l’imagination de l’auteur : uniques, excentriques et terriblement attachants pour certains. J’ai adoré Walter et son autodérision, cela va sans dire. Comme moi, il s’est fait avoir à de multiples reprises, malmené par les ambitions des autres protagonistes.

Si je ne savais trop quoi penser de Banshee – elle est d’humeur changeante, ce qui ajoute au mystère du récit ! -, Spleen m’est apparue comme une perturbatrice hors pair et les Outlaws comme des mercenaires sans cervelle à l’exception peut-être de Butch Smoke, un véritable manipulateur. Bref, une belle panoplie de personnages aux intérêts divergents qui ne manquent pas de ressources. Actions et surprises garanties !

J’en redemande !

Pour conclure cette chronique, je ne dirai qu’une chose : merci Anthelme Hauchecorne. Voici donc un auteur que je vais suivre à l’avenir, c’est certain. D’ailleurs, il m’a fait une très bonne impression lors des Halliennales. Avide d’échanger avec des lecteurs de tous horizons, il m’a demandé quelles avaient été mes dernières lectures et m’a même conseillé plusieurs ouvrages qu’il avait appréciés, notamment Les Seigneurs de Bohen d’Estelle Faye qui me tente tout particulièrement.

Mais, maintenant que j’y pense, je crois qu’il a essayé de me vendre la moitié des oeuvres du salon (sauf les siennes). Le pire ? C’est que ç’a fonctionné, puisque je suis repartie avec le livre du stand d’à côté, le tome 1 de Mysteria de Valérie Simon. J’espère que celui-là aussi sera un coup de coeur !

Du même auteur

Le Carnaval aux Corbeaux, tome 1 : Le Nibelung, Anthelme Hauchecorne
Noces d’écailles, Anthelme Hauchecorne & Loïc Canavaggia
Chroniques des Cinq-Trônes, tome 1 : Moitiés d’âme, Anthelme Hauchecorne