Éditeur : Gallimard Jeunesse
Date de sortie : 11 juin 2020
Genre : fantasy, aventures (jeunesse)

Synopsis

Dans l’auberge tenue par ses parents, Malcolm, onze ans, voit passer de nombreux visiteurs. Certains sont étrangement intéressés par un bébé, Lyra, et son dæmon, Pantalaimon, gardés par les nonnes du prieuré voisin.

Qui est-elle ? Quels secrets, quelles menaces entourent son existence ? Pour la sauver, Malcolm et Alice, sa compagne d’équipée, s’enfuient avec elle. Dans une nature déchaînée, le trio embarque à bord du canoë de Malcom, La Belle Sauvage.

Critique

Retour en arrière

Bien avant d’ouvrir ce blog, j’ai lu – et relu ! – la célèbre trilogie À la croisée des mondes. Et, chaque fois, je découvrais une nouvelle histoire, le récit comportant plusieurs niveaux de lecture. À l’époque, j’avais une nette préférence pour le tome 1, notamment parce qu’il est riche en aventures. Les tomes suivants me paraissaient plus lents et plus complexes, raison pour laquelle ils m’emballaient moins. Néanmoins, ma compréhension évoluait au fil des années, me permettant d’apprécier davantage les réflexions apportées par l’auteur.

Si je devais les relire aujourd’hui, j’ignore si ma préférence se confirmerait ou non, car je suis enfin en âge de comprendre toutes les subtilités de l’intrigue. Il faut dire que le concept même de Poussière, ainsi que les thématiques théologiques, philosophiques et politiques abordées dans la saga ne sont pas simples à appréhender pour un enfant. Pour autant, et c’est là un vrai tour de force de la part de l’auteur, l’histoire demeure accessible aux plus jeunes.

Tout ça pour vous dire que, lorsque j’ai su que Philip Pullman renouait avec cet univers particulier, j’ai aussitôt ajouté La Belle Sauvage à ma wishlist… sans pour autant me jeter dessus à sa sortie ! Pourquoi ? Eh bien, parce que je craignais de moins apprécier cette suite, si longtemps après avoir refermé le dernier volet de la trilogie initiale. En outre, depuis quelque temps, j’évite de me lancer dans des séries qui ne sont pas encore achevées afin d’éviter toute frustration. Bon, La trilogie de la Poussière n’est pas encore terminée, mais ayant reçu le tome 2 en service de presse, je n’avais d’autre choix que de m’y mettre.

Bref, bien des années plus tard, je me suis replongée dans l’histoire de Lyra et de son dæmon Pan. Alors, est-ce que la magie a de nouveau opéré ?

Un premier tome intéressant, mais introductif

Avant toute chose, je tiens à préciser que je ne me suis pas ennuyée durant ma lecture. J’ai véritablement apprécié suivre Malcolm et son dæmon Asta dans leurs aventures. Pourtant, le quotidien d’un enfant n’est pas des plus passionnants. Il n’y a donc que Philip Pullman pour réussir à nous embarquer avec lui dans cette histoire qui, une fois encore, comporte plusieurs niveaux de compréhension.

Vif d’esprit, Malcolm se retrouve embarqué bien malgré lui dans une affaire d’espionnage. Le hic, c’est qu’en plus de comporter quelques facilités, celle-ci n’a pas révélé tout son potentiel. En effet, elle est rapidement mise de côté face aux éléments qui se déchaînent dans la région. L’histoire prend alors un nouveau tournant, orienté vers la survie des personnages. Et je dois avouer que j’ai un peu moins apprécié cette partie, notamment parce qu’elle se révèle redondante sur la fin.

J’espère donc renouer avec Oakley Street, cette organisation secrète qui lutte dans l’ombre contre le Magisterium, dans le tome suivant !

Changement de héros

Vous l’aurez compris à la lecture du synopsis, Lyra est bien présente dans La Belle Sauvage. Néanmoins, elle est beaucoup trop jeune pour endosser le rôle de l’héroïne. Celui-ci revient à Malcolm, alors âgé de 11 ans. Mais bien qu’il soit encore très jeune, il demeure très mature et se révèle attachant dans son désir de bien faire. Alors, certes, ses obsessions sont celles d’un enfant, mais il prend souvent part aux préoccupations des adultes. C’est d’ailleurs pour cette raison que le Pr Relf n’hésite pas à lui confier des missions qui pourraient se révéler dangereuses…

En fait, tout le monde apprécie Malcolm. Tout le monde sauf Alice, adolescente de 16 ans qui travaille à l’auberge de ses parents. Pour autant, ce personnage taciturne permet de contrebalancer la bonhomie de Malcolm et la facilité avec laquelle il semble aborder la vie. En effet, Alice a dû se forger une carapace pour surmonter les difficultés, affronter les méchancetés des autres et se faire une place dans ce monde, aussi petite soit-elle.

Malgré leurs différences – et leurs différends ! -, c’est un duo qui fonctionne bien. Et heureusement, puisque tous deux vont devoir s’allier contre un ennemi commun dont je tairai le nom. Sachez cependant qu’il m’a fait froid dans le dos, et même plus encore. Certains passages le mettant en scène m’ont paru un peu trop durs pour un jeune lectorat. Peut-être suis-je trop sensible, mais je ne me suis volontairement pas attardée sur les maltraitances faites aux dæmons…

L’étrangeté à son apogée sur la fin

Je l’ai déjà dit un peu plus haut, j’ai moins apprécié la dernière partie de l’histoire. Outre le schéma récurrent que semble observer l’auteur, à savoir une succession de dangers, de fuites et de repos, certains événements m’ont laissée perplexe. Certes, ils ne sont pas dénués d’intérêt, mais frisent le loufoque et manquent clairement d’explicitations. Toutefois, je ne désespère pas d’obtenir des réponses par la suite.

Du reste, Philip Pullman conclut son histoire en quelques pages à peine. Or, j’attendais davantage de ce premier volet qu’un dénouement trop vite expédié, même s’il fait parfaitement le lien avec la saga À la croisée des mondes. Enfin, rassurez-vous, mon avis global est positif. J’ai donc bien l’intention de poursuivre cette nouvelle trilogie !

Du même auteur

La trilogie de la Poussière, livre 2 : La Communauté des esprits, Philip Pullman