Éditeur : Chat Noir
Date de sortie : 1er avril 2020
Genre : fantastique

Synopsis

Après avoir fait le choix de sauver la vie d’un vampire, Nathanaël est contraint de fuir son village. Réfugié au plus profond de la forêt où ces créatures gardent les ombres, il est adopté par l’une d’entre elles qu’il nomme Kael, scellant ainsi son destin.

Malgré sa nouvelle condition d’animal domestique et le silence permanent de son maître, Nathanaël observe la communauté qu’il intègre et dont il ignore tout. Pour la première fois, il apprend à contempler ces espaces immenses qui isolent les hommes et abritent les vampires et les Bêtes, ces créatures issues d’un autre temps.

Lui, l’humain fragile et sensible, symbolise tout ce que ces immortels ne regardent plus. Mais parce qu’il choisit de s’attacher pleinement à son maître, leur vie en est bouleversée. De ces chaînes naît un espoir. La liberté. Pour tous les deux.

Critique

Le PLIB, encore le PLIB !

Vous l’ignorez peut-être, mais Céline Chevet a remporté le PLIB 2019. Toutefois, je ne faisais pas encore partie de l’aventure. Je n’ai donc pas lu le titre récompensé, à savoir La Fille qui tressait les nuages, dont le synopsis m’effrayait quelque peu.

À la place, je lui ai préféré Les Chaînes du silence, un roman vampirique correspondant davantage à mes habitudes de lecture. Même si les buveurs de sang ne sont pas mes créatures favorites, j’apprécie généralement leur présence. Enfin, sauf en bit-lit, mais il s’agit d’un genre qui me rebute tout particulièrement.

Quoi qu’il en soit, Céline Chevet propose ici une histoire dépaysante dont l’originalité m’a conquise !

Que d’émotions !

Céline Chevet possède un talent rare, celui de transmettre des sentiments forts par les mots. Ceux-ci semblent naître d’eux-mêmes, formant un texte d’une fluidité sans pareille. Alors, c’est sûr, il s’agit d’un roman fantastique, mais cela ne nous empêche pas de nous immerger dans cet univers onirique pour mieux partager les ressentis des héros, humains comme vampires.

La plume poétique de l’auteure est aussi un régal dans les métaphores et les messages cachés qui parsèment le récit. Cette façon d’aborder des notions importantes par des chemins de travers m’a beaucoup plu, et plus encore la liberté d’interprétation qui est laissée au lecteur. Cela signifie aussi que certaines questions restent sans réponses, mais cela ne m’a pas dérangée le moins du monde !

Le mythe du vampire revisité avec brio

Oubliez Twilight, oubliez Dracula ! Les Chaînes du silence reprend certes la figure du vampire, mais se détache des clichés du genre. Dans ce roman, les vampires ne ressemblent pas aux hommes, ni mentalement, ni physiquement. Ils boivent certes du sang et craignent la lumière du soleil, mais ce sont des êtres à part dont les schémas de pensée, les modes de communication et les habitudes de vie ont été brillamment réinventés par Céline Chevet.

Bien que la manière dont les vampires traitent les humains paraisse monstrueuse, voire insultante pour notre race, on finit par les comprendre. Par déceler un sens à leurs actions, à leur attitude. Par je ne sais quel tour de force, l’auteure est parvenue à nous imposer une vision nouvelle, inédite. C’est perturbant, dérangeant parfois, mais incroyablement fascinant !

Une double intrigue captivante

Elle est habilement construite ! L’auteure joue en effet sur deux temporalités dont on ignore tout d’abord les liens. Le passé, au travers du journal de Nathanaël, fait ainsi avancer le présent, sans que je ne puisse vous donner ma préférence. C’est donc un scénario parfaitement équilibré que nous offre Céline Chevet.

Seul bémol selon moi : le récit semble piétiner vers le milieu du livre, avant de reprendre de plus belle. Ouf !

Entre humanité et vampirisme

C’est par les écrits de Nathanaël que nous découvrons cette histoire, que nous accédons au monde des vampires. Sans sa vision des choses, sans sa volonté de comprendre, les vampires seraient restés ces créatures, non pas sanguinaires, mais froides et hautaines.

Alors, certes, au début, Nathanaël n’est pas en phase avec son maître. Il ne rêve que d’une chose : s’enfuir. Petit à petit cependant, il s’ouvre à de nouveaux sentiments. Et c’est là que la magie opère ; nous aussi, nous nous attachons à Kael ! D’ailleurs, la façon qu’a ce dernier d’exprimer son affection pour Nathanaël est particulièrement touchante, bien qu’un peu flippante par moments.

Quant au duo que l’on suit au présent, il se veut à la fois énigmatique et déroutant. La naïveté de la petite fille se heurte à l’indifférence du vampire, du moins dans un premier temps. Par la suite, eh bien… je vous laisse découvrir par vous-même ce qu’il advient d’eux !

Une pointe de mystère pour la fin

Je l’ai déjà dit plus haut : l’univers ne dévoile pas tous ses secrets. Toutefois, l’absence de réponses ajoute au charme singulier de l’histoire. D’autres lecteurs pourraient bien évidemment en être frustrés, mais ce ne fut pas mon cas. En outre, l’intrigue n’est pas inachevée pour autant, Céline Chevet prenant soin d’expliciter le destin de ses personnages.

En vérité, ce que j’apprécie, c’est cette place qu’elle laisse à l’interprétation, cette liberté qu’elle nous accorde afin d’appréhender le dénouement on l’entend !