Éditeur : Hachette
Date de sortie : 22 mai 2019
Genre : fantasy politique (young adult)

Synopsis

« La phrase s’écoula de ses lèvres lentement, intelligiblement. Les enfants retinrent leur souffle. Au cœur de la bibliothèque de Pergame, la magie opéra encore une fois. Les caractères se décollèrent de la page en tremblotant, ils virevoltèrent sous le nez de la jeune femme avant de dessiner quatre silhouettes distinctes. Les gamins pouvaient reconnaître le marchand d’habits accoutré d’un magnifique pourpoint, et ses trois filles, dont l’une était vêtue avec moins de fanfreluches que les autres… c’était la Belle. »

La jeune Iliade a un don merveilleux : le pouvoir de donner vie aux mots et aux histoires. Ce don fait d’elle la bibliothécaire la plus célèbre de tout le royaume d’Esmérie.

Le matin où elle reçoit une demande en mariage presque anonyme, elle n’est sûre que d’une chose : son prétendant est un membre de la famille royale  !

Bien décidée à comprendre qui s’intéresse à elle et surtout, pourquoi cette personne lui propose un contrat de mariage si avantageux, Iliade se rend dans la capitale. Là-bas, elle découvre les fastes de la cour… et la froideur de son fiancé. Pourtant, elle finit par s’attacher et à lui et se retrouve, bien malgré elle, propulsée au cœur d’intrigues et de complots auxquels rien ne la préparait.

Critique

Une histoire inspirée de La Passe-Miroir, vraiment ?

Si vous me suivez depuis longtemps, vous connaissez mon coup de cœur monumental pour la saga de La Passe-Miroir. Or, après avoir craqué pour L’Arrache-Mots sans l’ombre d’une hésitation, j’ai vu fleurir des avis qui le présentaient comme une pâle copie. J’ai donc freiné des quatre fers à l’idée de m’y plonger. Et puis, après plus de deux ans d’attente, je me suis dit qu’il était grand temps de me faire ma propre opinion !

Alors, verdict ? Eh bien, même si je vois de légères ressemblances, l’histoire est selon moi très différente de celle de Christelle Dabos. Personnellement, elle m’a plutôt rappelé la duologie Rozenn de Laëtitia Danae. Alors, surtout, ne vous laissez pas influencer et craquez pour ce roman s’il vous tente !

Les intrigues de cour, mon péché mignon

Une fois encore, vous devez le savoir si vous me suivez depuis un moment. Le plus étrange, c’est que j’apprécie très peu les romances. Or, en young adult, l’un ne va pas sans l’autre. Mais bizarrement, les histoires d’amour développées dans ce cadre me semblent toujours secondaires. 

Et comme L’Arrache-Mots ne fait pas exception, il avait tout pour me plaire ! Un mariage arrangé, un fiancé inconnu, des complots dont Iliade ne comprend pas les enjeux : tous les ingrédients de la recette à succès sont réunis. Autrement dit, je me suis régalée !

Bien sûr, c’est du YA. L’intrigue se développe à un rythme effréné, l’action est permanente, la conclusion survient rapidement, mais c’est appréciable de démarrer un livre pour connaître la fin dès le lendemain. Et oui, je l’ai lu en deux jours à peine !

La plume de Judith Bouilloc n’est pas étrangère à cette boulimie de lecture. Pourtant, je n’étais pas convaincue par les premières pages que j’avais trouvées expéditives et maladroites. Heureusement, les choses ont changé du tout au tout par la suite. Les transitions, par exemple, sont particulièrement bien maîtrisées, l’auteure utilisant des lettres écrites de la main de l’héroïne pour éviter les lourdeurs.

Quand magie et poésie se rencontrent

Si j’aime par-dessus tout les complots politiques, j’accorde également beaucoup d’importance à la construction de l’univers. Et là encore, c’est une réussite ! En quelques phrases bien placées, Judith Bouilloc pose les bases, révèle quelques particularités et confère une véritable identité à son monde. Certes, il n’est pas complexe, mais la simplicité est aussi un atout dans ce livre.

Bien évidemment, j’ai apprécié découvrir les capacités de chaque personnage, et plus encore celles de l’héroïne. Iliade donne vie aux histoires par sa voix, et cette idée est magnifiquement retranscrite. En outre, les références à la littérature ne sont pas trop nombreuses et bien insérées. 

Bref, l’univers de L’Arrache-Mots regorge de magie dans tous les sens du terme !

Ne dit-on pas que les opposés s’attirent ?

Bien qu’elle paraisse douce en apparence, Iliade a un caractère affirmé qui lui permet de rebondir. Ce n’est pas vraiment surprenant quand on rencontre sa famille. Chaque membre possède sa propre personnalité. J’ai adoré Virginia, la femme forte par excellence !

Quant au mystérieux fiancé, eh bien il est un peu attendu. Mais sans ce cliché, le récit aurait eu une tout autre saveur. D’ailleurs, le synopsis annonce la couleur : le futur époux est froid, mais il a un bon fond. Découvrir ce qu’il cache sous sa carapace, voilà un enjeu qui m’a passionnée ! J’ai beaucoup aimé son histoire personnelle, ainsi que ses principes de vie.

Il est le parfait contraire d’Iliade, mais rien de tel pour tisser une romance. Alors que je redoutais cette dernière, elle est passée comme une lettre à la poste. En fait, elle est loin d’être gnangnan. Pas de coup de foudre, pas de romantisme inutile, mais quelques déclarations enflammées. Et c’est un peu rapide parfois, toutefois n’oublions pas que le livre est très court.

Le seul véritable bémol, c’est l’antagoniste. S’il joue très bien son rôle, il est aussi caricatural. J’aurais donc préféré davantage de subtilité dans la construction de ce personnage. C’est cependant un reproche que je formule souvent envers des romans YA. Il va falloir que je m’y fasse, à l’évidence !

Finir en apothéose !

Lorsque les complots sont déjoués, que la vérité éclate, il est toujours temps d’agir. Les rebondissements sont donc nombreux dans la dernière partie. J’avoue en avoir anticipé quelques-uns, mais rien d’étonnant à cela ; à force de lire des intrigues de cour, je commence à en comprendre les mécanismes.

Néanmoins, j’étais curieuse de voir mes prédictions se réaliser !