Editeur : Robert Laffont (collection R)
Date de sortie : 21 septembre 2017
Genre : dystopie (young adult)

Synopsis

Il suffit d’un grain de sable pour faire s’écrouler un empire.

Une page s’est tournée dans l’histoire de l’humanité depuis que les dérèglements climatiques ont rendu la plus grande partie du globe inhabitable. Puis a eu lieu la révolution orchestrée par les Loups, un puissant groupe armé. Ce jour-là, ils ont pris le pouvoir. Ce jour-là, ils ont tout pris à Eden, qui n’a rien vu venir. La voilà désormais détenue dans un camp de travail sous haute sécurité. Son seul espoir ? Gagner l’île de Sanctuary dont lui a parlé son père, le dernier territoire encore neutre.

Mais quand Eden parvient finalement à y accoster avec d’autres évadés, l’île se révèle encore plus dangereuse que leur précédente prison…

Critique

Je suis… perplexe ?

Même si j’ai globalement apprécié ma lecture, voilà le sentiment qui me reste après avoir tourné la dernière page de ce one-shot. Car, si la trame principale est accrocheuse – qu’on se le dise, ce n’est en rien une dystopie écologique ! -, on se rend vite compte dans les détails que l’intrigue souffre de failles, et c’est franchement dommage.

D’audacieux, le scénario est donc devenu bancal, impression qui s’est renforcée dans le dernier tiers du livre. Ceci dit, au vu de sa complexité, je comprends que l’auteure se soit un peu perdue en chemin ; mes facultés de compréhension ont été mises à rude épreuve, je dois l’avouer.

Un conseil : si vous tentez l’aventure, soyez très attentif et évitez au maximum les distractions.

Une plume qui a le mérite de sortir des sentiers battus

Pour être totalement franche, j’ai eu un peu de mal avec le style de Kayla Olson… jusqu’à ce que je m’y habitue, ce qui est très vite arrivé (environ 50 pages). Les choses sont dites (ou, du moins, traduites) avec beaucoup de talent, sans fioritures, ce qui donne plus de poids au message.

Voici deux petits extraits que j’ai beaucoup aimés :

« […] s’il y a bien une chose que j’ai apprise, c’est que « possible » n’est pas comme un oiseau qu’on peut mettre en cage. Il écartera les barreaux, brisera les verrous et s’envolera dès que vous aurez le dos tourné. »

« Ils vivent comme des rois – comme ils croient que des rois devraient vivre. Ils règnent comme si on n’avait pas fait la preuve de son pouvoir tant qu’on n’avait pas vraiment et définitivement brisé quelqu’un. Et personne ne proteste parce que l’histoire du corniaud de base devenu Loup alpha de la Meute, c’est comme celle du pauvre tocard devenu milliardaire : l’illustration parfaite du rêve américain et, en tant que telle, un exemple à suivre. Ils sont encensés par les leurs pour avoir rompu l’immuable succession des privilégiés au pouvoir. Mais les gens ne se rendent tout simplement pas compte qu’ils ont juste troqué un système corrompu contre un autre.
Le pouvoir a le goût du sang pour les Loups : une goutte ne les fait que saliver davantage. »

Des descriptions insuffisantes

Le moins que l’on puisse dire, c’est que L’empire de sable ne s’encombre pas de vaines descriptions. En fait, c’est tout le contraire ; j’ai peiné à comprendre le déroulement de l’action et ai ressenti le besoin de relire certains passages. Dans ma tête, tout était un peu brouillon, les scènes me paraissaient confuses, je n’arrivais pas à les visualiser nettement. Et, malheureusement, ç’a perduré tout au long du récit.

De plus, Eden fait régulièrement référence à des évènements dont on ignore tout, et pas forcément dans l’ordre chronologique. Du coup, reconstituer le puzzle a été encore plus difficile. Mais ça en valait la peine ! Car, comme je l’ai déjà souligné, je trouve les idées de l’auteure très audacieuses. J’espère que leur plein potentiel sera révélé à l’écran, lors de l’adaptation cinématographique.

Pas d’attachement pour les personnages

Cela m’arrive rarement, mais là, je dois admettre que je ne me suis sentie concernée par le sort d’aucun d’entre eux. Même si j’avançais dans l’histoire avec entrain, mon coeur est resté hermétique à toute émotion, ce que j’ai du mal à m’expliquer. En effet, on se trouve dans la tête d’Eden, ce qui permet généralement de créer une certaine proximité, propice à l’empathie.

Et là… rien !

Pour être tout à fait honnête, j’étais curieuse de découvrir la personnalité d’Eden… jusqu’au moment où d’autres personnages sont apparus. À partir de cet instant, et pour des raisons que je n’étalerai pas au risque de vous spoiler, elle a perdu tout son attrait. Comme si, en claquant des doigts, elle ne se définissait plus que par ses peurs. Où était donc passée sa force initiale, celle qui l’a poussée à s’évader ? Mystère !

Quant aux autres personnages, eh bien, c’est un peu comme l’intrigue : quand on se met à creuser, on se rend compte que leur comportement renferme des incohérences. Et puis, certains d’entre eux sont de vraies caricatures : Alexa a le rôle de la tête brûlée, Hope celui du tampon destiné à apaiser les tensions, Lonan celui du chevalier servant, etc. Peut-être n’étaient-ils pas assez développés, finalement…

En vérité, plus que les faiblesses de l’intrigue, ce sont les personnages qui m’ont déçue. Malgré cela, je qualifierais L’empire de sable de bonne lecture, car j’ai passé un agréable moment entre ses pages. C’était la pause parfaite dans ma découverte de la série Le soldat chamane de Robin Hobb, que je compte reprendre rapidement.