Éditeur : Projets Sillex
Date de sortie : février 2020
Genre : fantasy, aventures 

Synopsis

Gésill ne dort plus depuis qu’il est mort.

Assassiné puis ramené à la vie par les Funestrelles, des brigands sans scrupules qui voudraient le voir reprendre son trône, l’ancien roi Gésill n’a plus goût à rien.

Son sang vert, autrefois seule source de végétation de la Rocaille, s’est tari. Il pourrit. Seul un représentant des Magistres, ces êtres mythiques exterminés par les ancêtres de Gésill, pourrait y remédier.

Aussi, lorsque les Funestrelles, accompagnés du défunt, se mettent en quête de trouver un jeune homme qu’on dit leur dernier descendant, ils sont loin d’imaginer que leur découverte ébranlera toutes leurs certitudes. Sur la Rocaille comme sur eux-mêmes.

Critique

Il m’arrive d’être chanceuse…

L’an dernier, j’ai participé à un concours organisé par les Projets Sillex, une maison d’édition qui revisite le circuit traditionnel afin d’offrir aux auteurs une juste rémunération. Je vous invite à consulter leur site si vous souhaitez obtenir davantage d’informations à ce sujet.

Comme vous pouvez le deviner, j’ai remporté ce concours. Toutefois, en plus de m’envoyer un exemplaire de Rocaille, les Projets Sillex l’ont également offert à ma binôme de toujours, Saiwhisper. C’est donc tout naturellement que nous avons réalisé une lecture commune.

Dans l’ensemble, nos avis se rejoignent (retrouvez celui de Saiwhisper ici), mais vont à contre-courant des chroniques élogieuses que nous avons pu lire sur la toile. Pour nous, il s’agit d’un premier roman prometteur, mais qui n’est pas exempt de défauts…

La pourriture comme malédiction

Imaginez un monde dans lequel les sols ne produisent plus aucun fruit. Un monde dans lequel les membres de la famille royale sont seuls détenteurs du pouvoir d’offrir la vie à la terre. Dans leur entourage, les nobles profitent de maints privilèges. Mais la population, elle, meurt presque de faim… Voilà donc l’univers développé par Pauline Sidre dans ce roman et je salue sans retenue son originalité sur ce point.

Je n’avais donc qu’une seule hâte en débutant Rocaille : découvrir les secrets de cette magie inédite, comprendre les conséquences d’un tel pouvoir réservé à l’élite et, surtout, voir le héros mettre un terme à ces inégalités !

Toutefois, bien que ces éléments soient présents, ils ne sont pas suffisamment exploités par l’auteure selon moi. En effet, celle-ci a préféré se concentrer sur les aventures de Gésill qui, il faut bien l’admettre, avait tout pour me plaire…

Un roi mort en guise de héros

Ce n’est pas banal, d’autant plus que Gésill continue de dépérir. Mais alors qu’il tente d’appréhender les répercussions de cette non-vie, il ressent pour la première fois l’envie de régner avec sagesse. Il ne lui reste donc qu’une seule chose à faire : reprendre son trône !

Encore une fois, j’étais plus qu’enthousiaste à l’idée de l’accompagner dans cette quête. Le hic, c’est que celle-ci prend plus de temps que prévu. En fait, et même si ce n’est pas un défaut en soi, j’ai trouvé le rythme de l’histoire assez tranquille. Résultat : elle manque un peu de piquant, si l’on excepte les chapitres dédiés aux membres survivants de la famille royale. Qu’ils étaient passionnants, mais bien trop peu nombreux à mon goût !

Mais soit ! J’étais bien décidée à patienter le temps que l’histoire décolle vraiment…

Une absence de rebondissements qui finit par se faire ressentir

Pour atteindre son objectif, Gésill n’a d’autre choix que de recourir aux services d’un magistre. Or, selon la rumeur, il n’en resterait plus qu’un dans la région. Qu’à cela ne tienne, il part à sa recherche en compagnie des Funestrelles, une bande de brigands grassement payés pour l’aider à retrouver sa position d’antan.

Ainsi, si l’intrigue semblait aborder un tournant intéressant, je me suis ennuyée à plusieurs reprises. En effet, l’auteure opère des détours, et pas toujours les plus cohérents. En outre, Gésill subit les plans des Funestrelles plus qu’il n’y prend part, ce qui est bien dommage pour un monarque décidé à réparer ses erreurs passées !

Enfin, les brigands ont peu à peu perdu en crédibilité à mes yeux. Alors qu’elle est censée contrôler la région, l’organisation semble réunir de nombreux bras cassés qui n’en font qu’à leur tête, y compris leur chef suprême.

Les Funestrelles, parlons-en !

Au début de l’histoire, c’est Iliane – favorite du chef – qui prend en charge la résurrection de Gésill. Pauline Sidre la présente alors comme une femme forte, bien décidée à conserver sa place de choix. Cependant, ce personnage m’a rapidement déçue. Tandis que les sentiments font leur apparition dans son cœur, elle perd subitement sa force et ses capacités de réflexion. 

En revanche, j’ai beaucoup apprécié le magistre, presque victime de sa condition. Les chapitres qui lui sont consacrés lui confèrent de la profondeur, ce qui manque cruellement aux Funestrelles.

Enfin, Gésill perd son rôle de héros pendant la moitié de l’histoire, ce qui m’a beaucoup chagrinée. Et lorsqu’il revient au premier plan, dans le dernier quart du livre, il fait pâle figure aux côtés de ses camarades hauts en couleur. De plus, il fait des choix que je ne m’explique pas et se montre inutilement possessif envers son magistre. L’auteure tente de justifier ce dernier point par l’amitié qui les lie, mais celle-ci aurait mérité davantage d’approfondissement. 

Un final précipité

Si j’ai débuté Rocaille avec ravissement, j’avoue l’avoir refermé à moitié convaincue, exactement comme ma binôme. En effet, les décisions prises par le roi nous ont toutes deux laissées perplexes.

En parallèle, la résolution de l’intrigue tient en quelques pages seulement, après avoir tiré en longueur tout le livre durant. Ce déséquilibre m’a perturbée, même si, il est vrai, le dénouement a le mérite d’être riche en surprises.