Éditeur : ActuSF
Date de sortie : 23 juin 2023
Genres : dark fantasy, steampunk

Synopsis

« Tôt ou tard, tous les masques tombent. »

Luperque, l’orgueilleuse capitale impériale, n’est plus que l’ombre d’elle-même. Son empereur, réfugié dans un ballon flottant pour échapper aux tentatives d’assassinat, essaye d’en enrayer l’étiolement, qui semble inéluctable.

Lors d’une mission pour retrouver des esclaves en fuite dans la forêt de l’Arquesylve, le centurion Ludovico fait une découverte qui manque de lui coûter la vie : des années après une guerre meurtrière, les lycans sont de retour. Pour Luperque, pas de doute : sa rivale Vexine est responsable. Il revient à Ludovico d’infiltrer la fière cité marchande aux mœurs progressistes pour en percer les secrets. Mais la détermination d’un seul homme sera-t-elle suffisante face à la légendaire magie des masques ?

Avis lecture

La fin de l’aventure ActuSF

Je ne pensais pas écrire ces lignes un jour, mais je ne peux chroniquer l’une des dernières parutions de la maison d’édition sans vous faire part de ma tristesse à l’annonce de sa fermeture. Une tristesse infinie pour une lectrice passionnée d’imaginaire qui s’est plongée avec délice dans des histoires incroyables comme La Machine de Katia Lanero Zamora, Le Privilège de l’épée d’Ellen Kushner ou encore Meute de Karine Rennberg

Certes, je n’ai pas adhéré à tous les titres publiés, mais j’ai toujours salué les choix éditoriaux de l’équipe, portée par l’envie de soutenir des auteurs de talent. Quitte à prendre des risques parfois !

C’est donc un jour sombre pour l’imaginaire, et tout particulièrement pour l’imaginaire francophone. Face à une concurrence toujours plus rude des mastodontes et dans un monde toujours plus en crise, j’ai peur de voir disparaître ces éditeurs indépendants qui font pourtant la richesse de mon horizon littéraire.

Ma voix n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan de l’édition, mais si un repreneur de confiance pouvait m’entendre… Croisons les doigts pour que ça ne soit qu’un « au revoir » !

Et pour Les Loups de cendres mortes ?

Pour l’avant-dernière fois (rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir mon avis sur Biotanistes d’Anne-Sophie Devriese), je vais jouer mon rôle de partenaire officielle des éditions ActuSF et vous donner mon avis sur le dernier roman de Colin Heine. 

Pour info, il se déroule dans le même univers que son titre précédent, La Forêt des araignées tristes, mais peut se lire de manière indépendante. Pour preuve, je n’ai jamais été perdue une seule fois au cours du récit !

Un univers à la forte personnalité

Plus qu’un worldbuilding original, Colin Heine propose une ambiance toute particulière. Faite de brume mystérieuse, de technologie steampunk et de magie cachée, voire carrément pernicieuse, elle s’est imposée à moi sans la moindre difficulté.

L’aspect géopolitique n’est pas étranger à cette réussite, car il apporte beaucoup à l’histoire. Il raconte des siècles d’esclavage pour les plus malchanceux et d’inimités entre deux villes que tout oppose : Luperque et Vexine. D’ailleurs, chaque camp se croit plus malin que l’autre, mais l’homme n’est-il pas infaillible par nature ? Face à Lilith, il est difficile de résister…

Lilith VS Ludovico

Ce n’est pas dit comme ça dans le synopsis, mais l’antagoniste principale se cache parmi les lycans, et elle est peu commune. Sans parler de démone à proprement parler, elle remporte l’adhésion de ses partisans d’une façon bien étrange qui mêle amour pernicieux, passion dévorante et jalousie dévastatrice. Captivant, même si j’ai eu un peu de mal à cerner ses motivations.

Quant à Ludovico, héros incontesté, il m’a pourtant paru naïf, bien qu’il porte l’histoire à bout de bras. Sans le détester, je lui préfère largement Ysengre dont la force de caractère se révèlera finalement indispensable.

En bref, une palette de personnages intéressants qui mèneront l’action à son apogée. Mais avant de parler du grand final qui ne m’a pas totalement convaincue, faisons d’abord un point sur l’intrigue…

…aussi linéaire que mystérieuse

Deux adjectifs que j’associe rarement, mais qui prennent tout leur sens dans Les Loups de cendres mortes. L’aspect linéaire évite au lecteur de se perdre dans la vape, Ludovico étant son point d’ancrage principal. Pour autant, et malgré un postulat de départ très clair vis-à-vis de la menace qui pèse sur les épaules de l’empereur de Luperque, je ne voyais pas vraiment où l’auteur voulait en venir. Et ça, c’est un vrai tour de force !

Je m’explique : Colin Heine emprunte de nombreux détours, mais cela n’alourdit pas le récit, au contraire ça l’enrichit. Certes, j’ai parfois froncé les sourcils lorsque les héros se perdent – tantôt dans une sombre forêt, tantôt dans les tréfonds d’une prison sous-marine – cependant j’ai apprécié être baladée de point de vue en point de vue sans réussir à anticiper les événements. En vain, j’ai tenté de recomposer le puzzle, mais l’auteur est toujours parvenu à me surprendre.

Comme un couac lors du dénouement

Alors que les différents pans de l’intrigue s’emboîtent enfin, le but de toute cette histoire apparaît très clairement. S’il est parfaitement logique, je l’ai néanmoins trouvé trop facile. Bon, la fin n’est pas ratée en soi, mais il est clair qu’elle m’a déplu. En fait, elle n’est pas à la hauteur de toutes les complexités du livre !

Attention, le dénouement ne manque pas d’action, bien au contraire, mais je n’ai tout simplement pas aimé la direction empruntée. Dommage !