Éditeur : Hachette Heroes
Date de sortie : 6 avril 2022
Genre : anticipation

Synopsis

La Terre étouffe de surpopulation et se meurt. Pour survivre, l’humanité a dû ouvrir de nouvelles routes de colonisation : des portails perçant des passages dans l’espace vers les Outreterres, planètes lointaines où l’existence semble possible. Chaque année, une Mission Survie teste les jeunes, futurs candidats à l’exil.

Une destination inhabitée secrète, un équipement choisi à l’aveugle, trois jours d’épreuve. Un seul conseil : Attention aux stobors !

Mais que se passera-t-il si un portail se referme derrière un groupe envoyé à l’épreuve sur une planète inconnue ? Comment survivre ? Il faudra s’abriter, explorer, rester sur ses gardes mais aussi apprendre à faire confiance ; trouver des solutions, oser.

Surtout, recréer une société. Mais avec quelles valeurs, quelles règles, et quels moyens pour les faire respecter ? En clair : comment ne pas devenir des barbares dans un monde sauvage ?

Critique

Un auteur phare de la science-fiction

Lorsque les éditions Hachette – que je remercie au passage – m’ont proposé de découvrir l’un des pionniers de la science-fiction, je n’ai pas hésité bien longtemps, d’autant qu’il s’agit d’anticipation, un genre que j’affectionne même si je lui préfère la dystopie. Alors, verdict ?

En toute franchise, Destination Outreterres ne fut pas un coup de cœur, mais une lecture sympathique. En fait, comme le livre date de 1959, sa traduction arrive un peu tardivement. Il souffre donc de la comparaison avec des romans plus récents, plus aboutis, puisqu’ils ont profité des critiques de leurs prédécesseurs. En bref, l’originalité n’était pas au rendez-vous !

D’abord, un mot sur la forme

Plus que le fond de l’histoire, c’est le style de Robert Heinlein qui m’a dérangée. À première vue, il apprécie un peu trop les descriptions, ce qui n’est pas mon cas. Je me suis rapidement perdue dans la présentation de certaines technologies, comme les portails par exemple. Heureusement, ce flou s’est dissipé une fois Rod, le héros, projeté dans une nature hostile plus facile à appréhender.

Du côté des dialogues, mon ressenti n’est pas plus positif, car pour la plupart ils sont inutilement longs, au point que je ne savais plus qui s’adressait à qui. Un casse-tête pour les discussions de groupe !

Par chance, je suis parvenue à dépasser ces difficultés pour me pencher sur l’intrigue !

Place à la survie

Voilà une thématique que j’aime retrouver dans mes lectures. Alors que j’accordais peu d’intérêt aux débuts de l’histoire, qui se déroulent dans un lycée somme toute assez banal, voilà que je pénètre dans un univers sauvage. La faune et la flore regorgent de dangers, la sécurité du monde moderne n’est plus qu’un lointain souvenir. Il faut apprendre à chasser, à se défendre, bref à survivre !

Et il va s’en passer des choses avant que Rod ne parvienne à trouver ses repères !

Assister à la naissance d’une nouvelle société

Tel est le véritable but de cet ouvrage, selon moi. L’auteur a tout imaginé, des détails les plus anodins (comment fabriquer des couverts ?) aux plus élémentaires (comment cultiver la terre de ce nouveau monde ?). Mais qui commande dans une société qui en est à peine à ses balbutiements ? Qui édicte les règles ? Qui décide ? Autant de questions dont les réponses ne cesseront de changer au fil des mois.

Bien sûr, des rapprochements s’opèrent, des groupes se forment, des familles se créent. Heureusement pour moi, Robert Heinelein n’a pas subi les influences du YA actuel et ne s’est donc pas lancé dans une romance inutile.

Alors, c’est sûr, la création d’une civilisation aurait pu être ennuyeuse, mais pas ici. L’écriture est très dynamique, l’auteur n’hésite pas à recourir à des transitions ou à des ellipses temporelles pour éviter les longueurs. Un chapitre entier est même composé d’extraits de journal.

Et puis, croyez-moi, les événement s’enchaînent dans ce petit village. Tensions et amitiés, découvertes et rebondissements politiques (à petite échelle) : voilà de quoi est fait Destination Outreterres. Encore une fois, rien de bien original, mais j’ai fini par avoir envie de connaître la suite.

Un héros pour seul repère

Le scénario du livre est entièrement basé sur la vie de Rod. Ses victoires et ses défaites, ses décisions et ses erreurs. Sans saveurs dans les premiers chapitres, il s’est toutefois révélé un héros à la hauteur. En fait, il n’a pas conscience d’être un leader, mais prend naturellement les commandes lorsque la situation l’exige. Sans jamais s’imposer… ou presque, cependant c’est son évolution qui le rend si intéressant.

Seul petit bémol : les personnages secondaires que j’ai trouvés peu développés.

La boucle est bouclée ?

Voilà qui définit bien le dénouement ! Sans trop vous en dire, j’ai apprécié cette conclusion qui ferme toutes les portes, sauf une : celle de l’aventure !