Éditeur : Pocket
Date de sortie : 12 janvier 2023
Genre : planet opera

Synopsis

Bienvenue sur la planète glaciaire Delas dont les ressources, extraites jour et nuit par des milliers de prisonniers, alimentent en eau potable le reste de la galaxie. Mais dans les entrailles de ses immenses montagnes, elle recèle une richesse plus convoitée encore, le cryel, que seuls les plus agiles des détenus, les « chanteurs », sont capables de prospecter.

Bliss et Fey sont de ceux-là, et lorsqu’une mission leur est confiée en échange de leur libération, ils n’hésitent pas. Accompagnés par Nox, ancien pilote, et Jennah, scientifique exilée, ils se lancent dans une expédition peut-être sans retour…

Critique

Une nouvelle étoile montante de l’imaginaire signée Pocket

Est-ce que j’apprécie de plus en plus ce label ? Absolument ! Grâce à lui, je fais de jolies découvertes qui me sortent de ma  zone de confort. Ainsi, après La Dernière Arche de Romain Benassaya, je me suis lancée dans Le Chant des glaces de Jean Krug. Encore de la science-fiction, mais toujours de qualité !

Je remercie donc les éditions Pocket pour l’envoi de ce roman qui m’a révélé la rudesse teintée de poésie des glaciers. Dépaysement garanti !

Au début, on s’accroche un peu

Sans être totalement novice, je ne suis pas non plus une grande lectrice de science-fiction. Je m’y mets de plus en plus néanmoins et ose, chaque fois, aller un cran plus loin dans la « difficulté ». Bon, je ne suis pas encore prête pour la hard SF, mais ça viendra certainement un jour.

Tout ça pour vous dire que Le Chant des glaces a nécessité un temps d’adaptation. Par exemple, il m’est arrivé de relire certains passages pour mieux saisir les explications de l’auteur concernant les secrets enfouis au cœur des glaciers. Et oui, en tant que glaciologue, Jean Krug est bien placé pour nous en parler, mais il n’est pas toujours facile de le suivre dans ses propos. Pas au point de me sentir perdue, je vous rassure, toutefois j’ai eu besoin de toute ma concentration pour prendre mes repères. Heureusement, ces explications contribuent à la richesse du worldbuilding alors, en définitive, je ne peux que les approuver.

En outre, l’auteur ne se contente pas de parler sciences, il offre aussi une dimension poétique à son récit. Le froid des glaciers, l’adrénaline qui s’empare des héros tandis qu’ils pensent pouvoir les dompter, sans jamais y parvenir totalement et, enfin, la sensation de se sentir vivant : tout cela est magnifiquement décrit ! La preuve, aussi, que les ressentis sont tout aussi importants que les faits.

Pas le temps de s’ennuyer… ni de creuser ?

Si j’ai cru que l’épuisement des ressources en eau serait au cœur du roman, je me suis vite rendu compte que l’auteur irait bien au-delà de cette problématique vue et revue. En fait, c’est tout le système qu’il remet en question, mais sans jamais nous obliger à le suivre dans ses raisonnements. Jean Krug suggère plus qu’il n’impose ; libre au lecteur de s’intéresser aux réflexions qui l’interpellent. 

Course à la croissance, répartition inégale des richesses, surconsommation, quête de liberté : voilà ce que vous retrouverez dans Le Chant des glaces, tout du moins si vous prenez le temps de vous intéresser au sous-texte. En effet, ces thématiques ne prennent jamais le pas sur l’intrigue, mais viennent plutôt la soutenir.

C’est dans la même logique que Jean Krug développe son univers. Celui-ci est très semblable au nôtre, enfin si l’on excepte le fait que l’homme a conquis l’espace. Rien de très novateur pour de la science-fiction, pourtant le tout fonctionne bien. Entre batailles spatiales, complots politiques et lutte dans le froid des glaciers, je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer. Le rythme soutenu est une réussite !

Le hic, c’est qu’à force de vouloir enrichir son scénario, l’auteur se disperse un peu. Certains pans de l’intrigue, certaines révélation n’ont pas eu la force escomptée, car l’on passe très vite à autre chose… ou à un autre personnage !

Des héros plus intéressants que d’autres

J’adore les romans chorals, surtout lorsque les points de vue empruntent des chemins différents pour mieux se retrouver à l’apogée de l’intrigue. C’est plus ou moins le cas dans Le Chant des glaces, cependant je n’ai pas ressenti beaucoup d’intérêt pour Elkeid (sauf peut-être pour son humour lourdingue). Par chance, les chapitres qui lui sont consacrés demeurent secondaires.

Quant aux héros, eh bien… J’ai adoré suivre les femmes, toutes fortes en caractère, plus que les hommes qui m’ont paru un peu pâlots en comparaison. Jennah et sa quête de justice, Bliss et ses rêves de liberté, Lizz et sa volonté de fer : elles ont toutes surpassé Fey, pourtant personnage principal. Mais est-ce vraiment un problème ? Je ne pense pas !