Éditeur : Albin Michel Imaginaire
Date de sortie : 18 janvier 2023
Genre : fantasy historique

Synopsis

« Les légendes sont écrites à l’image des hommes, aussi, comment pourrais-je en être l’héroïne ? »

An 601. Île de Bretagne.

Depuis la mort d’Uther Pendragon, souverain du royaume de Logres, aucun héritier n’est monté sur le trône. Pour cela, il faudrait réussir à extraire l’épée du défunt monarque, enchâssée dans la pierre.

À l’aube de ce nouveau siècle, les prophètes en sont pourtant persuadés : un nouveau roi va naître. Le puissant Merlin a la certitude qu’il s’agit de son protégé, le jeune Arthur, mais c’est Morgane, la fille cachée d’Uther, qui s’empare de l’épée.

Réussira-t-elle à faire face aux guerres, aux intrigues et aux trahisons, et à s’imposer comme une souveraine légitime ?

La légende morganienne ne fait que commencer.

Avis lecture

J’ai lu le dernier Jean-Laurent Del Socorro

C’est avec beaucoup de curiosité que j’ai suivi les différents écrits de cet auteur sans jamais sauter le pas, cependant. En effet, son genre de prédilection est la fantasy historique que, personnellement, j’affectionne très peu. Ainsi, malgré les avis dithyrambiques qui ont inondé la toile, j’ai préféré passer mon chemin.

Peut-être aurais-je dû continuer sur ma lancée mais, avec Morgane Pendragon, Jean-Laurent Del Socorro a éveillé mon intérêt. Comment dire non à une réécriture féministe des légendes arthuriennes ? Bref, je n’ai pas hésité à accepter la proposition de service de presse des éditions Albin Michel Imaginaire, que je remercie au passage.

Malheureusement, mon opinion va à contre-courant de la majorité. Même s’il est très bien écrit, le roman n’a pas réussi à m’emporter pour plusieurs raisons que je compte bien évidemment développer dans cette chronique.

Comme l’impression de lire un compte-rendu

C’est le plus grand reproche que je peux adresser à ce one-shot : son côté factuel. Chaque événement est répertorié avec la plus grande précision, toutefois rien n’est vraiment creusé. Le rendu est donc très froid malgré la palette d’émotions que ressentent les personnages. Ou, tout du moins, qu’ils sont censés ressentir car, pour ma part, il s’agissait surtout de les énoncer sans leur apporter de substance. 

Voilà donc la nature du problème : je n’ai apporté aucun crédit aux sentiments qui animent Morgane, Arthur, Merlin et les autres. Ils sonnaient si faux et si creux que je ne parvenais pas à m’intéresser à leurs aventures.

J’ai pourtant réussi à terminer le roman sans trop de difficultés, la plume de Jean-Laurent Del Socorro étant particulièrement fluide. Ça se lit donc vite et bien, néanmoins peut-être aurait-il fallu changer de ton lors des moments importants. Après tout, l’histoire comprend des batailles, des trahisons et moult rebondissements. Mais sans profondeur, l’intrigue m’a paru très plate, un peu à l’image d’un script.

À la rencontre des Chevaliers de la Table Ronde

Jean-Laurent Del Socorro utilise une narration alternée, ce qui permet à Morgane et à Arthur de s’exprimer chacun leur tour. Le hic ? Je n’ai vu aucune différence de style ou de personnalité entre les deux points de vue. Pour preuve, il m’arrivait souvent de les confondre…

J’en reviens donc à ce manque d’émotions cité plus haut, qui se révèle particulièrement problématique dans une narration à la première personne. Le lecteur se trouve dans les pensées de ses héros, et pourtant… Il n’y a que des mots, pas d’émotions. Et les nombreuses ellipses temporelles n’ont fait que renforcer cette impression.

Bref, je n’ai ressenti aucun attachement, que ce soit pour Morgane ou pour Arthur. Ce dernier m’a d’ailleurs semblé caricatural, même si ses choix sont source de rebondissements. Quant aux protagonistes secondaires, je les ai trouvés plus pâlots encore. Je me suis perdue dans les noms un nombre incalculable de fois. Certains meurent, d’autres trahissent, mais j’en ai oublié l’essentiel…

Quelques points positifs à souligner

Bien que Morgane Pendragon ne m’ait pas donné ce que j’attendais, certains aspects du roman m’ont plu, à commencer par la manière dont Jean-Laurent Del Socorro s’est réapproprié le mythe arthurien. Il a ainsi pris quelques libertés, et je me suis bien sûr amusée à chercher les différences avec l’histoire d’origine (même si je suis loin d’être une experte…). 

Par ailleurs, en mettant une femme sur le trône de Logres, l’auteur propose un message résolument féministe, même si j’ai trouvé que le sujet n’était pas traité en profondeur. J’ai également apprécié sa vision du couple, libérée de toute préoccupation liée au sexe des personnes. Dommage que cela ne m’ait pas donné envie de m’intéresser aux différentes romances qui apparaissent au cours du récit… Encore et toujours un problème de personnages, sans aucun doute !

Enfin, notons la présence de la faërie, cette magie qui perd du terrain face à l’arrivée du christianisme, mais qui ne manque pas de panache !