Éditeur : Mnémos 
Date de sortie : 20 septembre 2023
Genre : fantasy politique

Synopsis

Une nouvelle aube se lève pour Heltia de Cytari, tandis que le Continent secoue sa torpeur.

Réfugiée à la cour de Breniam en tant qu’Hippolyte de Carnaïm, héritière royale, la Neighian pèse ses options. Toutes sont fragiles, pavées d’intrigues et d’affrontements sans grâce ni retour. D’un côté, se résigner et vivre avec sa colère, de l’autre crier vengeance, pour le Continent, pour les yeux de Melion, pour elle-même. A-t-elle encore le choix ?

Pendant ce temps, le Nouvel Ordre continue de bouleverser le Continent, après le coup d’État qui a jeté bas le Conseil de l’Union. À sa tête, un poète et un meneur immortel, deux idéalistes radicaux qui oeuvrent pour un monde neuf.

Entre Hippolyte de Carnaïm, éclatante championne qui se lève à l’Est, et le nouveau départ promis par le Nouvel Ordre, où ira désormais l’allégeance des peuples ?

Depuis le palais d’Olea, Heltia contemple un horizon tout à la fois sombre et épique, annonçant l’avènement du dernier Héraut des Fées et le soulèvement des Neighians renégats. Une ultime aurore qui trace une ligne sanglante entre obscurité et Lumière.

Critique

Une belle surprise pour la rentrée

En début d’année, les éditions Mnémos m’avaient proposé de découvrir leur pépite de l’imaginaire 2023, je veux bien évidemment parler du premier tome de Neighian. Malgré des débuts difficiles, j’avais beaucoup accroché à la seconde moitié, au point d’avoir envie de lire la suite.

Ce fut donc une belle surprise que de trouver dans ma boîte aux lettres, il y a quelques semaines, le deuxième et dernier tome de la saga. Un grand merci à la maison d’édition pour l’envoi.

Au jeu des machinations…

…Heltia a encore beaucoup à apprendre ! Alors qu’elle se coule dans le rôle de la princesse Hyppolite de Carnaïm, elle doit composer avec les exigences du roi Cassar, les manigances des Principautaires et ses propres ambitions pour renverser le Nouvel Ordre. Pas simple et ce, dans tous les sens du terme !

Certes, j’ai eu un peu de mal à raccrocher les wagons au début mais, rapidement, tout m’est revenu en mémoire. En revanche, jongler entre les camps et les alliances fut un tantinet plus compliqué. Comme je l’ai dit dans ma chronique du volume précédent : Neighian exige de l’investissement de la part de son lecteur. Je me suis donc lancée à corps perdu dans cette lecture…

Un soupçon d’intrigue de cour

Peut-être même plus qu’un soupçon, et c’est tout ce que j’aime ! De plus, Louise Jouveshomme nous évite de nombreux déplacements grâce à des ellipses temporelles entre les chapitres. Le rythme se révèle dès lors un peu saccadé et il faut être attentif pour relier les événements entre eux, mais c’est un mal pour un bien, car il n’y a pas un seul instant de flottement.

En ce qui concerne la concentration, par contre… Elle doit absolument être au rendez-vous ! Personnellement, j’ai trouvé l’intrigue un peu trop complexe par moments – la plume exigeante de l’auteure n’y est certainement pas étrangère. Résultat : les grandes révélations perdent parfois de leur poids face aux mécanismes de compréhension que j’ai dû mettre en branle pour suivre toutes les subtilités de l’histoire. Ainsi, je me demande si tant de circonvolutions étaient finalement nécessaires, toutefois c’est un avis très personnel.

Une étrangère tête brûlée et un elfe plein d’abnégation

Sans surprise, Heltia et Melion demeurent les protagonistes centraux de l’histoire, et j’ai apprécié les retrouver. Surtout le deuxième, en fait. En dépit de son statut de Promis qui le pousse à placer les intérêts du peuple avant les siens, il se laisse aller à des écarts de conduite, ce qui l’effraie de plus en plus. Très vite, il pense qu’il n’est plus à la hauteur de sa tâche, car il ne se rend pas compte que ses sentiments sont autant une faiblesse qu’une force. Ah, j’ai vraiment adoré ce personnage, d’autant qu’il s’efforce de dépasser son handicap grâce à une magie proprement passionnante.

Quant à Heltia, eh bien notre relation n’a pas changé depuis le tome précédent. Encore une fois, j’ai trouvé qu’elle s’emportait souvent pour pas grand-chose. Heureusement, j’ai apprécié ses actes et sa détermination qui font avancer l’intrigue, cependant elle m’a quelque peu énervée à ne pas savoir ce qu’elle veut, ni qui elle est. Moi qui pensais qu’affronter le Nouvel Ordre lui donnerait un objectif suffisant pour se reprendre… Raté ! Heltia s’est perdue entre plusieurs identités et, même si je comprends pourquoi, cela alourdit le récit.

Je suis restée sur ma faim concernant la découverte de l’univers

C’est peut-être mon plus grand bémol, ce qui peut paraître étonnant. En effet, j’ai reproché au livre précédent son rythme trop lent pendant qu’Heltia était sur les routes et découvrait donc du pays. Et pourtant… 

Louise Jouveshomme m’a mis l’eau à la bouche avec ses interludes qui évoquent les hybrides et le tribut que représente la magie pour les peuples qui la détiennent. Je n’en dirai pas plus, mais j’aurais aimé que cette partie soit davantage exploitée, que l’on en découvre plus sur les différentes espèces. Peut-être à travers un spin-off, qui sait ?

Quel final abrupt !

Il n’existe pas d’autre mot pour définir le dénouement de Neighian. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, il ne peut laisser indifférent. À coup sûr, il divisera les lecteurs !

De mon côté, j’ai eu du mal à encaisser un tel final après 500 pages de complots, d’action et de rebondissements pour renverser le Nouvel Ordre qui se croyait plus légitime que l’ancien. Mais sur l’échiquier du pouvoir, certaines pièces cachent bien leur jeu…

Pour autant, je pense que j’ai apprécié cette fin. Parce qu’elle se termine avec Melion, qui restera mon personnage favori de toute la saga. Ou parce qu’elle a le mérite de ne pas être inutilement héroïque. Du grand art !