Éditeur : Albin Michel Imaginaire
Date de sortie : 1er février 2024
Genre : fantastique

Synopsis

Séparés depuis l’enfance, Bellatine et Isaac Yaga pensaient ne jamais se revoir. Mais lorsque tous deux apprennent qu’ils vont hériter leur grand-mère ukrainienne, frère et sœur acceptent de se rencontrer. Ils découvrent alors que leur legs n’est ni une propriété ni de l’argent, mais quelque chose de bien étrange : une maison intelligente juchée sur des pattes de poulet. Arrivée de Kyiv, foyer ancestral de la famille Yaga, l’isba est traquée par une entité maléfique : Ombrelongue, qui ne reculera devant aucun acte de violence pour détruire l’héritage de Baba Yaga.

Avis lecture

Un conte de fée pour adultes

Voilà ce qui est indiqué sur la quatrième de couverture de La Maison aux pattes de poulet et c’est tellement vrai ! Ce roman, c’est un mélange savamment dosé de merveilleux et de glauque, de lumière et d’obscurité. Le résultat est aussi poétique que poisseux ! 

Une ambivalence certes incroyable, mais très bien retranscrite par le style si particulier de GennaRose Nethercott qui m’a transportée dès les premières lignes. Tantôt subtile, tantôt incisive, sa plume sublime le texte, le dépasse même, afin de lui offrir une véritable profondeur. Le tout ponctué de quelques touches d’humour bienvenues. Après tout, il s’agit d’une maison aux pattes de poulet !

Alors, merci Albin Michel Imaginaire pour l’envoi de ce service de presse que j’ai pris beaucoup de plaisir à la découvrir.

Connaissez-vous le mythe de Baba Yaga ?

Personnellement, je ne suis pas une grande connaisseuse du folklore russe, donc j’en ai seulement entendu parler. Néanmoins, sa mention dans le synopsis m’a donné envie d’en savoir plus.

De fait, j’ignore ce qui tient du conte officiel ou ce qui sort tout droit de l’imagination de l’auteure, mais le résultat est très convaincant. Le fantastique s’invite de plus en plus au fil des pages, jusqu’à s’imposer en force. Bien que très étrange, la maison aux pattes de poulet n’est finalement que peu de chose à côté de l’antagoniste qui traîne dans son sillage des créatures ô combien malfaisantes…

Notez également que GennaRose Nethercott fait référence à une période de l’histoire russe que je vous laisserai découvrir par vous-même, mais sachez que le mélange historique / fantastique est une vraie réussite !

De la profondeur dans la construction des personnages

Vous savez comme j’aime les héros travaillés qui s’éloignent des stéréotypes ! L’histoire débute justement avec Isaac, surnommé le Roi caméléon, un personnage fascinant capable de se glisser dans la peau de n’importe quel individu. Très utile, ce talent est autant un don qu’une malédiction, car il l’incite à se perdre toujours davantage dans ses identités d’emprunt, dans le seul but de fuir son passé. Au point d’en être affaibli physiquement…

Sa sœur, Bellatine, cherche davantage à rentrer dans le moule de la normalité, oubliant qu’elle est une Yaga. Très vite, ses vieux démons la rattrapent, mais que sont-ils vraiment ? Je n’en dirai pas plus !

Et je ne vous ai pas encore parlé de la maison aux pattes de poulet qui s’adresse directement au lecteur. Elle porte en elle le souvenir d’un événement crucial dont on ne sait rien au premier abord et qui s’est peu à peu dilué dans les mémoires. La maison nous propose donc plusieurs versions de sa propre histoire selon ce que les témoins de cet événement en ont retenu. Toutefois, ne vous inquiétez pas : vous finirez par démêler le vrai du faux.

Enfin, n’oublions pas Ombrelongue, cet antagoniste maléfique qui s’éloigne pourtant des clichés du genre. Certes, il est le mal incarné, pourtant sa profondeur ne fait aucun doute. Grandiose !

Une ambiance creepy au service de messages forts

À travers son récit, GennaRose Nethercott insiste sur la nécessité de se souvenir. Qu’elle soit individuelle ou collective, la mémoire du passé est d’une importance capitale, car il a toujours un impact sur le présent. Ses héros ont tout oublié de leur histoire familiale, mais cela n’empêchera pas leur héritage de les rattraper. À quel prix ? Ah, c’est ce qui fait tout le sel de La Maison aux pattes de poulet.

Seul petit bémol pour moi : cette espèce de ventre mou dans l’intrigue, au milieu du roman. Un entre-deux qui peine à faire la liaison entre des débuts mystérieux et l’enchaînement de révélations et de rebondissements qui débouche sur un très grand final. Rassurez-vous, cela ne dure pas très longtemps !