Editeur : Rageot
Date de sortie : 13 septembres 2017
Genres : dystopie, thriller (young adult)

Synopsis

Que feriez-vous si vous connaissiez l’heure, terriblement proche, de votre mort ?

Dans une société où règnent en maîtres prévisionnistes et laboratoires scientifiques, chacun connaît sa durée de vie précise.

Depuis leur naissance, Virgil et Enna ont des destins opposés. Long Terme, Virgil a toujours eu droit au meilleur. Enna, elle, vit dans un bidonville car elle est Court Terme. Mais, un jour, une Brigade tente d’arrêter Virgil. Il s’enfuit. Il apprend que son Terme est erroné et qu’il va mourir à 21 ans… Qui a commis cette erreur ? Quelles conséquences terribles va-t-elle avoir, pour lui et pour d’autres ?

Enna, elle, graffe sa révolte sur les murs des beaux quartiers. Quand son amie est tuée par un groupuscule, elle jure de la venger…

Traqué, Virgil rencontre une jeune geek, Lou, analyste de données qui s’oppose clandestinement au système. Elle l’entraîne dans le Réseau afin d’organiser la lutte.

Critique

Une petite erreur de jugement

Quand j’ai décidé d’acheter ce one-shot, je pensais qu’il s’agissait d’une dystopie comme les autres. En fait, ce n’est pas tout à fait ça ; pour moi, Demain il sera trop tard s’apparente davantage à un thriller – dystopique bien sûr, mais un thriller tout de même ! Or, ce n’est pas vraiment mon genre de prédilection, ce qui explique peut-être mon ressenti mitigé vis-à-vis de cette lecture

Comme un feu de paille

L’action s’installe dès les premiers chapitres, ce qui ne laisse pas au lecteur le temps de s’ennuyer. Cependant, j’ai constaté comme un relâchement de l’intrigue une fois l’élément déclencheur révélé – entendez par là l’erreur concernant le Terme de Virgil -, voire même quelques longueurs. Pourtant, le postulat de départ était très bon ; vivre en connaissant la date de sa mort offrait de multiples possibilités à l’auteur… qui n’a malheureusement pas réussi à exploiter tout le potentiel de son histoire, selon moi.

De plus, celle-ci manque cruellement de réalisme, et j’en suis la première peinée. Pour preuve, voici un exemple concret : Demain est un camp secret où se réfugient ceux ayant décidé de vivre sans tenir compte de leur Terme mais, étrangement, il est très facile à localiser. Enfin, seulement pour ceux qui souhaitent rejoindre la communauté, pour les autres il reste mystérieusement introuvable…

Alors, certes, c’est de la dystopie young adult. Mais, comme je l’ai déjà expliqué, je ne transige pas sur la qualité du récit pour la simple raison qu’il est destiné à un public adolescent. Et il me paraît évident que Demain il sera trop tard manque de matière, d’approfondissement.

Comme tenue à distance des personnages

Même s’ils se révèlent profondément humains – ils ont des émotions, des envies de révolte, des projets d’avenir, etc. -, je ne me suis attachée à aucun d’entre eux, car ils ne sont pas suffisamment fouillés. Il faut dire qu’ils sont très nombreux, ce qui a laissé peu de marge de manoeuvre à Jean-Christophe Tixier pour les développer tous, à plus forte raison en jeunesse où l’action doit être constante.

Néanmoins, rester totalement insensible à l’avenir des protagonistes principaux ne m’a pas aidée à apprécier davantage ma lecture. J’ai tout de même une petite préférence pour Lou, endurcie par son passé et décidée à changer les choses.

Un message fort

Abordons enfin un point positif : les thématiques traitées par l’auteur – la manipulation de l’opinion publique, l’impuissance ressentie face à un système corrompu mais indestructible, le recours à la violence pour se faire entendre, etc. – dénoncent certaines dérives de notre société actuelle. La disparité court Terme/long Terme n’est pas sans rappeler celle existant entre les riches et les pauvres, les puissants et les gens du peuple. Bref, vous l’aurez compris, les sujets offrent matière à réflexion et ça, c’est une réelle valeur ajoutée pour ce one-shot.

Une romance inutile, encore une !

Je le dis et le répète : les histoires d’amour, ce n’est pas pour moi. Oui, bon, c’est vrai, il y a eu des exceptions, je l’avoue. Mais, quand j’ai vu apparaître le triangle amoureux tant redouté, comme sorti de nulle part, je suis tombée des nues. En plus d’être sans intérêt, il dessert totalement l’histoire, car ce n’est pas l’aspect le plus recherché dans un thriller dystopique.

Chose rare, je n’ai pas aimé la fin

Et oui, ça n’arrive pas si souvent. Car si j’aime par-dessus tout être surprise (comme tout le monde, j’imagine), j’apprécie tant les fins ouvertes que celles qui apportent des réponses à mes questions.

Mais là, non ! Ce dénouement est clairement tiré par les cheveux. Il est trop rapide, trop facile, comme si l’auteur était pressé de mettre un point final à son histoire ou ne savait pas trop comment s’en sortir – il faut dire que l’intrigue s’est largement complexifiée au fil des 427 pages !

Quoi qu’il en soit, je n’adhère pas à ce final, ce qui me conforte dans l’idée que ce livre n’était pas fait pour moi.