Editeur : L’homme sans nom
Date de sortie : 28 mars 2019
Genre : anticipation

Synopsis

Voici un futur proche où l’on veille en moyenne quatre heures par jour. En amour, à l’école, au travail, la routine a forcément l’allure d’un sprint : faire vite, faire court, ne pas trop ramener sa fraise…

Trois lois sacrées que Pascal Frimousse profane au quotidien. Professeur de français désoeuvré, il a dû se recycler. Avec 12 heures de veille, il est une perle rare. Toujours fauché, souvent libre… Tuer le temps, c’est son nouveau gagne-pain. Allongez 100 écus, glissez-lui le nom de votre ennemi, il se charge du reste : Frimousse est troll professionnel. Un des meilleurs.

Critique

Un synopsis accrocheur

Lors de La Foire du Livre de 2019, je n’ai pas manqué de faire un arrêt au stand des éditions L’homme sans nom. C’est en effet devenu une habitude, au fil des années. J’ai eu la chance d’y découvrir en avant-première Les bras de Morphée, un one-shot anticipatif dont le synopsis m’a séduite au premier coup d’oeil. Je l’ai donc acheté… et lu, aussitôt rentrée !

Pour résumer mon avis, je dirai que ce livre est complètement barré. C’est d’ailleurs ce qui fait son charme !

Un concentré d’idées

Lire Les bras de Morphée, c’est comme plonger dans un maelström d’idées toutes plus saugrenues les unes que les autres. Le rythme est soutenu, presque chaotique à certains moments. Yann Bécu amorce de nouvelles réflexion à chaque page, à chaque paragraphe. En conséquence, ce roman exige beaucoup, beaucoup de concentration.

J’avoue que j’ai eu un peu de mal à rentrer dans l’histoire, mais de nombreuses répliques me faisaient sourire et le concept même du syndrome Morphée me plaisait. Dès lors, après un temps d’adaptation, ce fut une superbe lecture !

J’ai néanmoins eu l’impression de passer à côté de nombreuses références littéraires – reprises dans un glossaire en fin de livre, heureusement -, ce qui m’a légèrement frustrée. Mais d’autres lecteurs y dénicheront au contraire de véritables trésors !

L’humour à son apogée

C’est, pour moi, le plus grand point fort de ce one-shot ! Il s’agit d’un humour que je qualifierais de fin, car les blagues sont assez recherchées. Pour preuve, en voici un extrait :

-Sois pas triste, Frimousse…
-Ça se contrôle pas vraiment, la tristesse.
-Bien sûr que ça se contrôle… Écoute, dès que tu convoques un souvenir, ton cerveau y apporte une minuscule transformation, tu savais pas ça ? À peine un détail, chaque fois, l’ombre d’un sourire, une nuance poivrée, un bémol, vraiment pas grand-chose. Mais après vingt années de retouches cosmétiques, c’est tout le tableau qui a changé.
-Et ?
-Et tes souvenirs les plus forts, je parle de ceux qui te tirent encore des rires ou des larmes vingt ans plus tard, eh bien ce sont aussi les plus faux.
-C’est censé me remonter le moral ?
-C’est censé te rendre la vue, Frimousse. Rien de tel que le présent.
-Je m’en souviendrai.
-T’as vraiment rien compris, toi…

Et c’est comme ça à chaque page. Autant vous dire que je me suis régalée !

De folles aventures pour des personnages atypiques

Yann Bécu a doté ses héros d’une forte personnalité, cela ne fait aucun doute. Obligés de tuer le temps, ces derniers aiment se risquer dans des affaires louches. C’est d’ailleurs leur soif d’aventures qui les poussera à mettre le doigt sur un secret un peu trop bien gardé, qui ne serait pas sans rapport avec le syndrome Morphée…

En bref, l’intrigue emporte le lecteur dans une série d’événements improbables et s’achève sur une pirouette, certes tirée par les cheveux, mais en parfait accord avec l’esprit déluré de ce roman.