Editeur : Plume Blanche (collection Plume Noire)
Date de sortie : 4 juin 2019
Genre : dark fantasy

Synopsis

Deux siècles auparavant, un effroyable cataclysme a ravagé le monde et mis fin à la domination de l’empire colonial d’Atlantis.

Aux confins des monts de Thulé, se dresse Æsir, une citadelle de pierre et de glace, qui défie les éléments et abrite la dernière lignée atlante.
Hors d’atteinte des peuples barbares, les Æsirains voient soudain leur destin les rattraper.

Des hordes menaçantes arrivent à leurs portes par les chemins des cols. Ce sont des hommes sauvages, étranges, surpuissants, tous vêtus de noir, esclaves d’un être malfaisant qui pratique une magie plus malfaisante encore.

Aldéric, l’ambitieux gardien des cimes et Viviana, la jeune fille du commandeur, voient leurs espérances balayées par un vent de mort…

Critique

Quand les débuts coincent un peu…

Acheté en avant-première à Mon’s Livre 2018, Le crépuscule d’Æsir me fait de l’oeil depuis plusieurs mois, et pour cause ! L’éditrice, Marion Obry, me l’a décrit comme un one-shot de dark fantasy sanglant et prenant. Comprenez-moi, je ne pouvais pas résister plus longtemps !

Pourtant, quand j’ai enfin ouvert ce livre, j’ai eu du mal à me plonger dedans. Le massacre annoncé dans la quatrième de couverture m’a en effet laissée indifférente. Or, j’estime qu’un prologue ou un premier chapitre doit avant tout susciter l’intérêt du lecteur. Heureusement, la suite s’est révélée captivante !

Et si ces débuts difficiles étaient liés à la plume de l’auteure ?

Élie Darco utilise volontairement un style ampoulé, que je trouve inutilement lourd. Selon moi, elle en rajoute ; tout au long du roman, le sang coule à flot, les tripes se retrouvent à l’air et le désespoir est au rendez-vous. Était-ce vraiment nécessaire ? 

En outre, le texte comprend quantité de mots inconnus de mon répertoire et ça ne m’arrive pas si souvent. D’habitude, ça ne me dérange pas, mais ici, c’était assez récurrent, comme si l’auteure faisait volontairement étalage de ses connaissances de la langue française.

Ceci étant dit, mon avis est totalement subjectif. Ce style peut bien évidemment plaire à d’autres lecteurs. Et, par chance, j’ai fini par m’y faire !

Au coeur des ombres

De type médiéval, l’univers n’a rien de très original au premier abord. Mais comme tout dans ce roman, il est dur, sombre et violent. Chacun doit se battre pour survivre, endurer des épreuves parfois innommables.

Néanmoins, ce qui a surtout retenu mon attention, c’est l’organisation du territoire. Certes, Æsir est tombée, mais d’autres peuplent vivent au pied des montagnes. Certains ont noué des alliances, d’autres se font la guerre. Et c’est justement cet aspect de l’histoire qu’Élie Darco a choisi d’approfondir à travers l’errance de ses deux héros. Bon, j’avoue m’être un peu perdue dans les noms et appellations, mais cela n’a pas terni mon plaisir de découvrir les rouages de ces civilisations.

Deux survivants, deux héros brisés

D’un côté, l’on suit Aldéric, un guerrier frustré de ne pouvoir démontrer toutes ses capacités à l’épée et, de l’autre, Viviana, sa compagne avant la destruction de la cité. Et si j’ai apprécié ce one-shot, c’est en grande partie grâce à eux. Chacun à leur manière, ils font preuve d’une force de caractère exceptionnelle, sans pour autant tomber dans le cliché du héros infaillible.

L’auteure a pleinement développé leur psychologie, les rendant profondément humains. Bien qu’ils se sentent coupables d’avoir survécu, ils luttent sans relâche pour sauver leur peau. L’instinct de survie est d’ailleurs au coeur de cet ouvrage où le danger rôde à chaque fin de chapitre…

Étonnamment, je n’ai pas de préférence pour l’un ou pour l’autre. Parfois, je désirais ardemment suivre les mésaventures de Vivianna et, la page suivante, alors que je retrouvais Aldéric, je n’avais qu’une envie : savoir ce qui l’attendait. Et c’est justement ce qui me conforte dans l’idée que ce roman est extrêmement bien mené !

Une lueur d’espoir dans l’obscurité ?

Ah, les complots politiques, les tromperies, les tentatives d’assassinat ! Mélangez tout ça et vous obtenez un bel imbroglio d’événements. Heureusement, l’ensemble est savamment orchestré par Élie Darco. Voilà donc la deuxième raison pour laquelle j’ai aimé Le crépuscule d’Æsir ; les rebondissements sont inattendus, l’action contrebalancée par des stratégies finement élaborées. 

Cependant, je m’interroge sur le genre auquel appartient ce livre. Peut-on vraiment le qualifier de dark fantasy simplement parce que la violence y atteint des sommets ? Puisqu’il repose majoritairement sur une guerre séculaire, j’y vois davantage de la fantasy épique, certes très sombre, mais épique quand même.

Quoi qu’il en soit, si j’ai supporté son côté très – trop ! – sanglant, c’est parce que l’auteure s’en sert afin de créer un contraste saisissant avec les rares scènes d’espoir, d’amour véritable et de générosité.

Quant à la fin, elle ne m’a pas marquée outre mesure. Non, de ce one-shot, je retiendrai en priorité l’évolution spectaculaire des personnages. Pour autant, je n’ai pas boudé mon plaisir en découvrant le dénouement !