Éditeur : Scrineo
Date de sortie : 10 octobre 2019
Genre : space opera (young adult)

Synopsis

Sur Sédora, comme sur les 101 planètes habitées par l’humanité et reliées entre elles par le Fil, plus personne ne sort de chez soi. La population a les yeux rivés sur ses écrans, en particulier sur le programme des Démêleurs de rêves.

Neven est un jeune Démêleur : il met en scène les songes des Rêveurs et les diffuse au grand public. Il est aussi le plus célèbre et chacun de ses films est attendu par des milliards de spectateurs à travers la galaxie. Comme tout le monde, il vit une existence recluse et répétitive, jusqu’au jour où un ancien Démêleur, GuidéOnn, le contacte afin de récupérer les rêves du sujet 1110.

Qui est ce Rêveur 1110 ? En quoi est-il si particulier ? Quel mystère se cache dans ses songes ?

Sa soif de réponses pousse Neven à briser sa routine, et à oser faire ce que l’humanité a oublié depuis longtemps : quitter son monde, emprunter le réseau de Fil, afin de découvrir l’univers et la vérité…

Critique

Une prise de risque

J’ai beaucoup hésité avant de demander ce titre en service de presse, car ma lecture de Phaenix, également écrit par Carina Rozenfeld, ne m’avait pas vraiment convaincue. Néanmoins, Le Démêleur de rêves laissait présager une histoire très différente, je me suis donc laissé tenter, et j’ai bien fait !

Je remercie les éditions Scrineo pour cet envoi.

Aux confins de l’univers

Dans Le Démêleur de rêves, l’homme est enfin parvenu à conquérir l’espace… pour finalement le délaisser, une fois l’exploration terminée, les ressources exploitées, la lassitude revenue. Heureusement, le lecteur n’en est pas encore là et demeure donc friand de décors magnifiques, de voyages vers l’infini et de découvertes incroyables. Pour ma part, je me suis régalée de ces images que l’auteure transmet grâce à un style vif et poétique, malgré des descriptions un chouia répétitives.

Et puis, il y a le Fil, ce matériau dont ne sait pas grand-chose, si ce n’est qu’il nous a permis de repousser les frontières du monde connu bien-au-delà de ce que l’on croyait possible. Mais de quoi est-il vraiment fait ? C’est la question que l’on se pose dès le prologue !

Les rêves, une échappatoire éphémère ?

Le Démêleur de rêves rejoint ces nombreux récits que l’on voit fleurir un peu partout, notamment en young adult, dans lesquels la population mondiale ne vit plus que par écrans interposés – exactement comme dans Boxap 13-07, même si la thématique n’est pas poussée aussi loin ici. L’humain, fainéant par nature, vit ainsi reclus, dans l’attente perpétuelle d’émotions, de sensations qu’il ne trouve que dans l’esprit de quelques élus encore capables de rêver.

Carina Rozenfeld présente donc, sous un jour onirique, les dérives d’une existence rythmée par la surconsommation d’images virtuelles et l’ennui qui en découle. Une réussite !

Les personnages au second plan

Peut-être Neven est-il un peu trop bienveillant, Elisha un peu trop naïve et l’antagoniste, dont je tairai volontairement le nom, un peu trop désespéré. Et pourtant, en dépit de ces défauts évidents, les personnages créés par Carina Rozenfeld m’ont emmenée avec eux jusqu’au bout du monde. N’est-ce pas suffisant ?

En fait, je pense que leurs actes, qui traduisent une volonté de changement, sont tout simplement plus importants que leur personnalité.

Une intrigue qui reste en surface

Un univers passionnant, des personnages sympathiques, mais ne manque-t-il pas un point essentiel à cette chronique ? Et oui, l’histoire ! Si, dans l’ensemble, elle m’a plu, elle manque à mon sens d’approfondissement. Les actions s’enchaînent très vite, et l’on ne creuse pas vraiment les motivations des héros, ni les conséquences de certains événements.

Bref, j’aurais souhaité que l’intrigue se complexifie au fil des chapitres. L’auteure a cependant choisi de privilégier le côté « aventures », et ça fonctionne plutôt bien, je le reconnais. Quant au final, il est à l’image de cet univers : onirique et poétique, avec une touche d’espoir pour l’humanité !