Éditeur : Scrineo
Date de sortie : 4 mars 2021
Genre : dystopie (young adult)

Synopsis

Alors que la Terre se meurt, survivre est devenu une lutte quotidienne…

Depuis que ses parents sont morts et que Kay, son meilleur ami, a été enlevé par les Glacés, Sanna se réfugie dans ses souvenirs pour se protéger du désespoir. Quand tout allait bien, quand Kay était encore là, quand le soleil brillait et que ses rayons réchauffaient le cœur. Lorsque Rahil, la grand-mère de Kay, meurt à son tour, Sanna se retrouve seule. Elle décide alors de partir à la recherche de son ami disparu. Après tout, qu’a-t-elle à perdre ? Il ne lui reste plus rien.

Pour la jeune fille, c’est le début d’un long voyage semé d’embûches et de rencontres, parfois improbables, parfois inquiétantes… Qu’y a-t-il au-delà des montagnes et du bouclier climatique érigé par les Glacés ? Kay se trouve-t-il là-bas, captif de l’incarnation maléfique des contes qui ont bercé son enfance, l’immortelle Reine des Neiges ?

Une réécriture dystopique et envoûtante du célèbre conte d’Andersen.

Critique

La Reine des neiges sous un jour nouveau

Quand j’ai appris que Glace était une réécriture dystopique de La Reine des neiges, mon intérêt s’est aussitôt éveillé. N’ayant pas lu le conte d’origine, ma seule référence en la matière est le dessin animé réalisé par Disney. Or, force est de constater que celui-ci n’a rien à avoir avec le roman que je vous présente aujourd’hui.

J’ai donc cherché un résumé du conte d’Andersen afin de savoir si l’auteure en avait respecté les grandes lignes, ce qui s’est avéré être le cas. Mais ai-je apprécié ma lecture pour autant ? Oui, en majeure partie, malgré quelques bémols ici et là. Je remercie donc les éditions Scrineo pour l’envoi de ce service de presse.

Des débuts très contemplatifs

Christine Féret-Fleury prend le temps de poser le cadre de son histoire. En nous décrivant le triste quotidien de Sanna, elle nous ouvre les portes d’un monde tel qu’il pourrait être dans plusieurs décennies. Les dérèglements climatiques sont ainsi à l’origine de bien des catastrophes, asséchant la terre et déchaînant les cieux. Pour la plupart privés de liberté, les hommes n’ont d’autre choix que de suivre les directives données par le gouvernement en place s’ils souhaitent survivre. Bref, comme vous pouvez l’imaginer, le côté dystopique du récit est effectivement présent, et c’en était même un peu déprimant.

Cependant, ce qui m’a vraiment posé problème, c’est la passivité de Sanna, l’héroïne. L’auteure nous raconte son passé afin de justifier son attitude, mais la majorité de ses souvenirs se concentre sur les mêmes sujets : Kay, la mort de sa mère, Kay, les errances de Grand’, Kay, encore Kay… Comme une litanie qui se répète indéfiniment ! J’ai donc patiemment attendu que l’intrigue décolle enfin, ce qui est assez vite arrivé. J’aurais toutefois préféré une introduction un brin plus entraînante.

Le hasard fait parfois trop bien les choses

Lorsque Sanna part enfin à la recherche de Kay, j’ai pris davantage de plaisir à la suivre dans sa quête. Alors, certes, elle n’a qu’une vague idée de l’endroit où il pourrait se trouver, mais sa détermination est sans failles. Ce changement soudain dans sa personnalité m’a déroutée, mais il était le bienvenu ; enfin, elle agissait !

Durant son périple, Sanna rencontre bien évidemment d’autres réfugiés climatiques, certains bien intentionnés, d’autres un peu moins. Et la chance semble chaque fois être avec elle ! C’est ce qui fait avancer l’intrigue, je le concède, mais quelques coïncidences m’ont fait tiquer. Elles m’auraient paru plus sensées dans une réécriture de conte classique, mais n’oublions pas que l’écrivaine a fait le choix d’ancrer son récit dans la réalité.

D’ailleurs au sujet de cette réalité…

Même si l’environnement que nous décrit Christine Féret-Fleury se révèle déprimant, j’approuve ses mises en garde. En effet, elle nous rappelle sans détour que le problème se trouve devant nos yeux et qu’en dépit de cela, nous ne luttons pas en faveur de la planète. Il est certainement déjà trop tard pour empêcher le désastre, mais de quel droit oserions-nous nous en plaindre ?!

L’univers révèle également d’autres surprises, et certaines m’ont laissée dubitative. Je ne peux vous en dire trop, ce serait vous spoiler des éléments essentiels du scénario, mais je regrette que l’auteure n’ait pas pris le temps de développer ces preuves tangibles que l’humanité est parvenue à s’adapter en se tournant vers des technologies avancées. De mon point de vue, cela aurait certainement enrichi l’histoire !

Des personnages peu attachants

C’est sûrement l’une des raisons pour lesquelles je n’ai pas pleinement apprécié ce roman auquel je reconnais pourtant un véritable potentiel. En fait, je n’ai pas toujours compris l’attitude des personnages, les raisons qui les poussaient à agir comme ils le faisaient. Peut-être le lent déclin du monde suffit-il à justifier l’hostilité, la perversité, voire la folie ? C’est fort possible, mais… il m’a manqué quelque chose !

Je suis donc restée de marbre face au destin de Sanna, à ses doutes, à ses peurs. Son évolution est intéressante, mais elle ne m’a pas touchée outre mesure. Quant à Kay, ce n’est pas tant le personnage qui m’a séduite, mais la manière de le percevoir. L’auteure joue en effet sur le prisme des souvenirs de Sanna pour nous offrir une vision tantôt idéale, tantôt déplorable de ce héros qui n’en est pas vraiment un…

En fait, le seul que j’ai aimé, c’est Adalbert Corneille, pour sa singularité. Son comportement est très troublant, mais sa bienveillance évidente. Comme une lueur dans l’obscurité !

Un final qui me laisse perplexe

Plus j’avançais vers le dénouement, plus j’étais curieuse de savoir ce qui se cachait derrière le mythe de la Reine des neiges. Ma curiosité était par ailleurs exacerbée par d’étranges extraits glissés entre les pages du livre.

Mais plus j’avançais vers ce dénouement justement, moins j’en comprenais la teneur. Malgré les explications de Christine Féret-Fleury, il m’est apparu flou. Pourtant, l’idée était excellente, j’en conviens. Peut-être aurait-il fallu, à l’image de ce one-shot, approfondir davantage cet aspect de l’histoire.

Quoi qu’il en soit, je ne sais toujours pas que penser de cette fin !