Éditeur : Fleuve Éditions
Date de sortie : 4 février 2021
Genre : high fantasy 

Synopsis

Il y a 1 400 ans, le Conflit Originel opposa Malévolents et Forces du Bien, éparpillant les lieux et les populations. Que les Forces du Bien l’aient emporté n’est finalement qu’anecdotique.

Nous sommes en 1422 de l’Ère de la Reconstruction, dans l’une des Sept Provinces, le Comté d’Erceph. Un artefact aux étranges et importants pouvoirs, l’Entité, est à l’œuvre dans le cœur de chacun des Sept Suzerains et se transmet naturellement de père en fils le jour des vingt-trois ans de celui-ci.

Le Comte Portor, Suzerain d’Erceph, a deux filles : Layah et surtout Sarah qui approche de son vingt-troisième anniversaire. De nombreuses forces politiques ont espéré en vain un événement qui éviterait de faire face à cette échéance funeste : la Transmission de l’Entité à une femme. Nombreux sont ceux en effet qui interprètent les Prophéties d’Arkharon dans le sens d’un présage funeste pour toute l’humanité si une Entité venait à habiter le cœur d’une femme.

Il était écrit que cette transmission serait marquée par la trahison et la mort.

Critique

Comme une envie de fantasy adulte…

Ces derniers temps, je ressens l’envie de plonger dans des univers foisonnants et des intrigues complexes, ce qui est le propre de la fantasy adulte. Cela ne signifie pas pour autant que je compte délaisser le young adult ou le jeunesse, cependant… Eh bien, l’essentiel est d’écouter ses envies, pas vrai ?

Les éditions Fleuve m’ont justement offert l’occasion de découvrir un nouvel auteur ô combien prometteur. Je remercie donc la maison d’édition pour l’envoi de La Prophétie de l’arbre et Christophe Misraki pour sa dédicace :

Néanmoins, je préfère vous avertir dès à présent : cette lecture fut mitigée !

Des débuts plus que plaisants

De la high fantasy remise au goût du jour, une intrigue politique aux innombrables ramifications et une prophétie funeste sur le point de se réaliser : voici ce que vous retrouverez dans les premiers chapitres de La Prophétie de l’arbre. Et quel régal !

J’ai tout d’abord pris plaisir à explorer cet univers qui sort des sentiers battus ou, tout du moins, d’en apercevoir une infime partie. En effet, il se révèle particulièrement dense et il est impossible d’en appréhender toute la complexité dans ce premier volet. Il faut dire que l’auteur a travaillé cette histoire pendant plus de 10 ans, et cela se ressent. Ainsi, chaque page tournée est synonyme de nouvelles découvertes, de nouvelles avancées et toutes sont plus captivantes les unes que les autres !

J’ai notamment apprécié la manière dont Christophe Misraki présente les forces du mal, bien loin des clichés du genre. Elles ne s’incarnent donc pas en un antagoniste invincible et surpuissant, mais arborent différents visages au sein d’un système minutieusement hiérarchisé.

Une première moitié certes introductive, mais passionnante

Si je devais formuler un reproche à l’encontre de cette première moitié, ce serait le manque de suspense. En effet, l’auteur nous dévoile très rapidement les intentions de l’antagoniste. Les héros restent toutefois dans l’ignorance et peinent à parvenir aux conclusions qui s’imposent.

Heureusement, Christophe Misraki met ce temps à profit pour nous fournir moult détails au sujet du système de magie – il m’intrigue terriblement ! -, des répercussions de la prophétie sur la famille royale et du plan d’action que celle-ci compte mettre en place afin de protéger l’héritière. Autant d’éléments qui nous poussent à tourner les pages sans tarder en dépit de quelques répétitions et autres maladresses, sûrement propres à l’écriture d’un premier roman !

Attention à la multiplication des points de vue

Si un trop grand nombre de personnages a tendance à vous rebuter, ne vous lancez pas dans La trilogie de PanDaemon. En effet, l’écrivain multiplie les points de vue au fil des pages (j’en ai même perdu le compte). Heureusement, un tel procédé ne me dérange pas outre mesure, d’autant plus que le livre comporte un lexique fort utile en toute fin.

Le hic, c’est qu’à force d’offrir la parole à de nouveaux personnages, on s’éloigne inévitablement des premiers, ceux auxquels on s’était attachés – enfin, plus ou moins, mais j’y reviendrai. En fait, pour être tout à fait honnête, j’étais impatiente de voir la quête des héros aboutir. Or, elle tarde à se mettre en place !

En définitive, je pense que l’auteur s’est laissé emporter par son enthousiasme. Il n’était pas nécessaire, selon moi, d’intégrer autant de personnages si tôt dans le récit, car la majorité d’entre eux sont rapidement délaissés et on ne comprend donc pas leur utilité. C’est notamment le cas de Ti’Aley et de Seli dont j’attends toujours de connaître les rôles.

Des personnages un peu clichés

Comme je l’ai mentionné plus haut, j’ai éprouvé quelques difficultés à m’attacher aux personnages, non pas parce qu’ils sont nombreux, mais parce que pour certains, ils manquent d’originalité. J’ai ainsi trouvé que Kern – héros de l’histoire – tombait trop rapidement dans le cliché de l’homme désespéré qui a tout perdu… avant de se ressaisir et de risquer sa vie pour atteindre le but qu’il s’est fixé. Massili, sa compagne de route, est du même acabit ; devenue prostituée malgré elle, elle est prête à tout pour changer le cours de son destin. J’ai également eu du mal à cerner Layah, l’une des deux princesses, ainsi que les rapports qu’elle entretenait avec ses parents, tantôt conflictuels, tantôt chaleureux. Ses états d’âme m’ont surtout paru très changeants !

En revanche, j’ai beaucoup apprécié Sorann, tant pour ses pouvoirs que pour la relation qu’elle partage avec le roi. Ah, et n’oublions pas les antagonistes qui se sont révélés particulièrement intrigants !

Je tiens toutefois à préciser que ces quelques bémols n’ont pas entaché mon plaisir de lecture. Enfin jusqu’à ce que…

…tout s’écroule !

Alors que j’atteignais la deuxième partie du récit, mon intérêt a progressivement décru. Le temps se faisait long en vérité, puisque j’attendais que l’intrigue politique débute vraiment après autant de promesses faites au lecteur. Or, le scénario aborde un tournant pour le moins inattendu, voire carrément inexplicable.

Dans un premier temps, les actions militaires se veulent plus présentes, ce qui n’était pas pour me plaire. Ceci étant dit, il s’agit là d’une appréciation toute personnelle. Par la suite néanmoins, le tournant dont je vous parlais à l’instant prend des allures de scission irréversible. Certes, je connais maintenant la signification du titre et de la couverture de ce premier numéro, mais je n’adhère pas du tout à ce revirement. Après avoir minutieusement construit son histoire, voilà que l’auteur décide d’envoyer valser ses efforts pour repartir sur de nouvelles bases. Mais… pourquoi ?!

Bref, ma frustration est grande. Je ne compte donc pas m’éterniser sur ce dénouement qui m’a laissée dubitative, et le mot est faible !