Éditeur : Hachette Heroes
Date de sortie : 1er juin 2022
Genre : dystopie

Synopsis

« Nous sommes une technarchie méritocratique.
Nous sommes l’avenir de la race humaine. »

Un boucler électrique déchire en deux Apex City, ex-Bangalore. D’un côté, les Virtuels, pour qui le digital est la clé de la survie, la productivité, le pouvoir. La pression sociale culmine, les outils numériques asservissent. De l’autre, les Analogs, ces Dix-Pour-Cents « inférieurs » qui survivent dans le dénuement le plus total, sans aucun accès la technologie.

Chacun, dans son monde, craint d’être moissonné.

Et si une simple graine dérobée dans l’Arbortum des Virtuels pour être plantée en terre Analog pouvait changer le cours de l’histoire ?

Critique

La dystopie, ce genre que j’affectionne tant

Même si je suis une fan inconditionnelle de fantasy, j’adore cette sous-branche de la science-fiction, ce qui explique notamment mon amour pour des sagas comme Hunger  Games et Les Puissants

Cette fois, ce sont les éditions Hachette Heroes (collection Le Rayon imaginaire) qui m’ont permis de renouer avec le genre – ça faisait longtemps ! Je les remercie donc pour l’envoi du roman Analog / Virtuel avec lequel j’ai passé un très bon moment de lecture. Sincèrement, je recommande !

Méritocratie : hiérarchie sociale basée sur le mérite individuel

Voilà le fondement même de ce one-shot. D’un côté, les Virtuels qui tentent de gravir les échelons du pouvoir, quitte à écraser les autres pour y parvenir – et gare à ceux qui ne suivraient pas la cadence ! De l’autre, les Analogs, les rebuts de la société, ceux que l’on est prêt à envoyer à la mort sans le moindre scrupule. 

Les premiers sont riches et croient en la toute puissance de la technologie qu’ils exploitent sans s’embarrasser de débats éthiques. Les seconds sont pauvres et survivent comme ils le peuvent, loin des outils modernes.

Analog / Virtuel, c’est donc l’histoire d’une fracture numérique à l’échelle de tout un monde. Un possible futur qui met en évidence les dérives potentielles de notre société actuelle. Mais que se passera-t-il lorsqu’elle s’effondrera sous les assauts de la rébellion qui, nourrie d’injustices et d’inégalités, détruira la technologie sur laquelle elle s’appuie pour exister ?

Une trame classique, mais une narration originale

Qui dit dystopie dit rébellion ! Pas de surprise de ce côté, mais c’était exactement ce que j’attendais. D’ailleurs, même si l’intrigue ne sort pas des sentiers battus, elle est tellement bien menée que l’on en oublie la finalité pour profiter de chaque instant !

L’originalité est toutefois bien présente au niveau de la narration. En effet, Lavanya Lakshminarayan dédie chaque chapitre à un personnage différent. En un sens, c’est frustrant, car l’on s’attache à certains d’entre eux, on a donc envie de les suivre tout au long du livre. Mais parfois, souvent même, ils deviennent des protagonistes secondaires dans d’autres chapitres, ce qui forme une fresque absolument grandiose !

Une seule envie : découvrir l’avenir incertain d’Apex City

En changeant constamment de point de vue, l’histoire aurait pu se révéler décousue, mais il n’en est rien. L’auteure conserve la parfaite maîtrise de son scénario, ô combien addictif, et offre au lecteur un fil rouge parfaitement compréhensible. 

En fait, dans Analog / Virtuel, tout est une question d’équilibre. Et d’oppositions. Au premier plan, les Virtuels s’enfoncent dans leur vision idéalisée de la technologie au point de s’émerveiller face à l’idée saugrenue de remplacer en temps réel les expressions humaines par des émojis. Ils en oublient alors comment communiquer vraiment. Dans l’ombre, la résistance aux multiples visages (humains, ceux-là) se serre les coudes pour grignoter du terrain.

Nous suivons donc l’ascension – ou la chute, parfois – de Virtuels ambitieux, aux prises de risques d’Analogs prêts à tous les sacrifices et puis, à l’évolution des mentalités. Et si les Analogs n’étaient pas aussi idiots qu’on le prétend ? Et si, finalement, être Virtuel n’était pas si gratifiant ?

Je ne vous donnerai pas les réponses à ces questions, mais je dis « bravo » à l’auteure. Cette dystopie, je l’attendais et elle ne m’a pas déçue une seule seconde !