Éditeur : ActuSF
Date de sortie : 24 juin 2022
Genre : anticipation

Synopsis

Imaginez le futur…

Imaginez vous connecter instantanément aux réseaux sociaux par le biais d’implants…

Imaginez acheter un androïde pour élever vos enfants…
…ou bien élever des enfants virtuels plus vrais que nature…

Imaginez pouvoir visiter à l’infini vos souvenirs ou vivre entièrement en ligne…
…ou imaginez lutter pour votre survie dans un monde désormais recouvert d’une épaisse couche de glace.

Bienvenue dans le monde de demain. Il est déjà là.

En treize nouvelles tour à tour émouvantes, glaçantes ou visionnaires, ce recueil d’Alexander Weinstein interroge notre rapport à la technologie à la lumière de notre rapport aux autres. Il contient « Nos adieux à Yang », adapté au cinéma par Kogonada et porté par Colin Farrell. Le film a été sélectionné pour Un certain regard au festival de Cannes !

Critique

Avez-vous déjà entendu parler d’After Yang ?

Personnellement, je me suis intéressée à cette nouvelle – et au recueil auquel elle a donné son nom – grâce à la proposition de service de presse des éditions ActuSF. Intriguée, j’ai effectué quelques recherches sur le net et suis tombée sur la bande-annonce du film qui m’a aussitôt fait envie !

Mais, on est bien d’accord, on lit d’abord le livre, ensuite on regarde l’adaptation, non ? Bon, je l’avoue, je n’ai toujours pas vu le film. Néanmoins, en ce qui concerne le livre, dans l’ensemble, ce fut une réussite.

Attention : je tiens à préciser que ce recueil contient des scènes à caractère sexuel qui pourraient gêner certains lecteurs, d’autant qu’elles étonnent par leur nature intrinsèquement liée à la technologie. Il s’agit donc d’une lecture adulte.

Les treize visages du futur

C’est peut-être ce qu’Alexander Weinstein a tenté de nous montrer : les possibilités infinies de demain. Entre technologie de pointe et risques climatiques, les hommes poursuivent leur chemin, mais qu’en est-il du bonheur individuel ? Ce monde, si avancé par bien des aspects, est-il à même de nous apporter ce dont nous avons besoin ? Pas si sûr…

Au-delà de toutes les inventions incroyables qui composent l’avenir, l’auteur revient toujours à l’essentiel : l’humain. Quel que soit le scénario, quels que soient les personnages, c’est ce thème récurrent qui donne toute sa profondeur à After Yang et autres histoires.

Bien sûr, comme dans tous recueils, certaines nouvelles nous parlent plus que d’autres. D’ailleurs, je suis parfois restée insensible face au dénouement des premières, ce qui inclut notamment After yang. Peut-être le film aura-t-il plus d’impact, quoi qu’il en soit j’ai vraiment craint de ne pas accrocher aux différentes intrigues. Par chance, j’ai fini par trouver ce que je cherchais…

Laissons de côté After yang, découvrons plutôt les « autres histoires »

Difficile de chroniquer un recueil de nouvelles sans décrire l’une d’entre elles, pas vrai ? C’est pourquoi, comme pour Oublier les étoiles de X. M. Fleury, je vais vous présenter les trois histoires qui m’ont véritablement emportée

Les Enfants du monde

Si le concept de vie numérique ne nous est pas inconnu, ici il dépasse l’entendement. Désormais, vous pouvez tout vivre en ligne comme si vous y étiez : les rencontres, les loisirs, l’amour et même… les enfants ! Toutefois, il n’est pas toujours simple de faire la différence entre la réalité et le monde virtuel, entre les autres joueurs et les simples lignes de code. Alors, que faire lorsqu’un virus survient et vous oblige à réinitialiser votre compte, supprimant ainsi les enfants que vous avez élevés des années durant ?

Dans cette nouvelle, l’auteur s’attaque à une notion particulièrement complexe ; si une chose n’est pas réelle, cela signifie-t-il qu’elle n’existe pas ? Des données numériques peuvent-elles donner la vie ou seulement une illusion de la vie ? Dans le premier cas, les supprimer reviendrait-il à commettre un meurtre ? Enfin, que faire de cet amour parental qui, lui, est bien réel ? Tant de questions pour si peu de pages…

Ligne de pente

Ancien champion de ski extrême, Ronnie voit sa notoriété faiblir d’année en année. Après un accident qui a failli lui coûter la vie, il est relégué au rang de simple moniteur dans une station sans prétention. Peut-être plus pour longtemps, car la neige disparaît peu à peu…

Même si elle fait référence à des technologies qui n’existent pas encore, Ligne de pente est probablement la nouvelle la plus « réaliste » car elle met en avant l’une des conséquences directes du réchauffement climatique. Outre cette problématique dont les enjeux sont on ne peut plus actuels, j’ai accroché à Ronnie, héros déchiré entre son besoin de sécurité et sa passion pour le sport. Son envie de se montrer enfin adulte et celle de reconquérir ses fans.

Je n’ajouterai qu’une seule chose : le dénouement m’a conquise !

Migration

Et si le monde extérieur était devenu hostile ? Voici le propos de Migration qui met en scène un couple dont le bonheur vacille en raison d’un quotidien répétitif et un adolescent en manque de contacts humains. Tout se fait à distance : le travail, l’école et même les relations sexuelles avec n’importe quel avatar augmenté, dans n’importe quel lieu virtuel.

J’ai tout particulièrement apprécié les questionnements du héros qui voit sa femme s’éloigner de lui, tandis qu’elle se perd dans un monde numérique. Mais l’électrochoc viendra de son fils qui ne sait pas comment aller à la rencontre des gens dans cet univers coupé de tout…