Editeur : auto-édition
Date de sortie : 25 mars 2019
Genres : fantastique, romance (young adult)

Synopsis

Geoffrey Deneyrieux, 21 ans, a tout pour être heureux : une famille aimante, de l’argent, un métier et… une fiancée ! Son père l’oblige à épouser Charlène, la folle aux fantômes !

Sa vie bascule quand il rencontre une jeune brodeuse : il tombe aussitôt sous le charme de la belle et mystérieuse Isaline. Mais Isaline est-elle vraiment honnête avec lui ? Quelle est cette mission qu’elle a promis d’accomplir pour la Voix ?

Geoffrey plonge malgré lui dans un univers magique et dangereux…

Critique

En toute honnêteté

Souhaitant soutenir les jeunes auteurs, et plus encore ceux qui ont choisi la voie de l’auto-édition, j’ai accepté avec plaisir la proposition de service de presse d’Elodie Charriéras. J’ai ainsi reçu le premier tome de sa série L’ensorceleur avec, en prime, une belle dédicace :

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Je me suis alors plongée dans ce récit en dépit de mes réticences initiales. Et oui, il s’agit d’une romance paranormale… mais pas que ! L’auteure m’a en effet assuré que le côté fantastique était assez présent, ce que je confirme.

Malheureusement, cette lecture ne s’est pas faite sans heurts, j’ai même eu du mal à en voir le bout ! Sachez néanmoins que si je publie cette chronique aujourd’hui (en accord avec l’auteure), ce n’est pas pour critiquer gratuitement ce roman, mais bien pour vous donner un avis honnête. D’autres lecteurs ont d’ailleurs apprécié Charmes, comme le prouve la chronique des blogs Les livres de Flo et Fildediane.

Et si l’histoire ne reposait pas sur des bases solides ?

Geoffrey, le héros de cette saga, travaille au sein de l’entreprise familiale, la banque Deneyrieux. Cependant, sa profession n’est pas un choix, mais une obligation, puisque son père s’est mis en tête de planifier son existence de A à Z, ce qui inclut également son mariage imminent avec Charlène.

Ces quelques éléments, énoncés dans le synopsis, paraissaient tenir la route. Le hic, c’est que cette cohérence apparente a rapidement disparu à la lecture des premiers chapitres. J’ai vraiment eu l’impression que l’auteure n’entendait rien au monde de la finance, ce qui est probablement le cas. Mais, dès lors, comment son personnage pouvait-il vraisemblablement endosser le rôle de banquier ?

De même, je ne comprends pas pourquoi le père de Geoffrey s’obstine à unir son fils à la folle aux fantômes, comme le dit si bien la quatrième de couverture. Si ce n’est pas un mariage d’amour – une évidence, puisque Geoffrey clame haut et fort qu’il ne ressent rien pour Charlène -, ni une alliance stratégique, dans quel but son aïeul souhaite-t-il l’y contraindre ? En vérité, il n’existe pas de raison valable, si ce n’est doter cet homme d’une personnalité dominatrice, manipulatrice et diabolique. Absurde !

La romance, le point qui fâche

Ce que je craignais le plus s’est effectivement produit : je n’ai pas apprécié l’histoire d’amour. Geoffrey aperçoit à peine Isaline qu’il en tombe éperdument amoureux. Bon, avec quelques efforts, j’ai accepté l’idée d’un coup de foudre, cependant… Nos deux héros semblent aussitôt engagés dans une relation durable, alors qu’ils se sont rencontrés quelques jours plus tôt !

C’est un chouia rapide, si vous voulez mon avis et, encore une fois, peu crédible, d’autant plus qu’ils ne connaissent rien l’un de l’autre.

Quand l’action se fait attendre

Dans la première partie du roman, j’ai relevé un certain nombre de longueurs, voire même des passages inutiles, notamment les allers-retours incessants de Geoffrey entre son lieu de travail, son domicile et celui d’Isaline. 

En fait, j’ai trouvé la plupart des interactions sans intérêt et les dialogues vides de sens. Apparemment, les personnages n’ont pas grand-chose à se dire. C’en est d’autant plus incompréhensible pour Geoffrey et Isaline que l’auteure décrit comme un couple épanoui (je le répète, cette étape est arrivée bien trop vite).

En deuxième partie toutefois, l’action – et le surnaturel ! – surviennent enfin. Mais là encore, je n’ai pas adhéré aux choix de l’auteure ! Les dessous de l’intrigue m’ont paru tirés par les cheveux, tout particulièrement en ce qui concerne la Voix.

Des adultes, vraiment ?

Si je doute sincèrement de la crédibilité de ce récit, c’est aussi parce que les personnages ne semblent pas avoir l’âge qu’Elodie Charriéras leur prête. Le père de Geoffrey pique par exemple des colères à la moindre contrariété, tel un enfant. Quant à Geoffrey lui-même, eh bien, il se montre tout d’abord incapable de dire « non » à un mariage arrangé pour finalement se rebeller, comme le ferait un adolescent face à ses parents. Pire encore, sa relation avec Isaline sort tout droit d’un conte de fée, brillante de naïveté ! 

Je ne peux malheureusement pas vous donner d’autres exemples, au risque de vous spoiler, mais sachez que nombre des réactions de Geoffrey m’ont paru excessives ou incohérentes. D’ailleurs, même quand le danger rôde, nos héros prennent le temps de déjeuner et de déclamer leur amour l’un pour l’autre.

Un livre qui doit gagner en maturité ?

Si je retiens uniquement les idées développées par Elodie Charriéras, je m’aperçois qu’un certain potentiel s’en dégage, même si l’histoire ne sort pas des sentiers battus.

Je pense sincèrement que cette saga souffre d’un manque de maturité. Cela se remarque également au texte qui comprend pas mal de répétitions, surtout au niveau des prénoms, et de descriptions parasites à propos des vêtements des personnages. Mais il s’agit là d’un défaut mineur qu’il est facile de gommer.