Éditeur : Lynks
Date de sortie : 18 avril 2019
Genre : anticipation (young adult)

Synopsis

« Nous avons cherché par tous les moyens à découvrir pourquoi nous étions enfermés ici. Si seulement nous avions su… Aurions-nous quand même été jusqu’au bout ? »

Un nom, un bloc, une couleur d’uniforme : Rouge ou Vert. Ce sont les seules informations dont disposent les deux-cent-cinquante pensionnaires de la Croix d’If, entrés dans l’institut sans le moindre souvenir et sans opportunité de sortir.

Natt Käfig est un Rouge du bloc 3A. Il est le dernier à avoir vu Laura, une Verte, avant sa mystérieuse disparition. Il se fait approcher par un groupe d’élèves… Qui sont ces « Nocturnes » qui ont besoin de son aide et qui pensent que Laura avait découvert les raisons de leur présence dans l’institut ? Rouges et Verts vont devoir collaborer pour percer le secret de la Croix d’If et échapper à l’administration. Y parviendront-ils en apprenant qu’ils sont prisonniers pour des motifs différents ?

Critique

En un seul mot ? Addictif !

Vous l’aurez compris à la lecture du synopsis, ce one-shot repose essentiellement sur la résolution d’un mystère pour le moins obscur. Et lorsque c’est bien mené, c’est le genre de roman que l’on ne peut pas refermer alors qu’il est pourtant l’heure d’aller se coucher, car on a envie de savoir. Non, pire, on a besoin de savoir ! 

Je ne ferai pas durer le suspense plus longtemps : Les Nocturnes est une franche réussite ! Dès les premiers chapitres, Tess Corsac instaure une véritable tension au cœur de son récit. Grâce à quelques indices et à des révélations à mi-chemin, elle nous pousse à tourner les pages, à élaborer des théories plus farfelues les unes que les autres, jusqu’à sentir la vérité à portée de main. Bref, je n’ai pas lâché ce livre avant de l’avoir terminé !

Mais comment gérer « l’après révélation » ?

C’est toujours un passage délicat. Parfois, l’intrigue retombe comme un soufflé et le lecteur en ressort déçu. Heureusement, Tess Corsac s’en est admirablement bien tirée. Je ne peux bien évidemment pas vous en dire plus, mais sachez qu’elle est parvenue à maintenir mon intérêt pour cette histoire étonnante. Je me suis surprise à me ronger les sangs, me demandant ce qui allait bien pouvoir survenir.

En outre, l’insertion de documents (dont je tairai la nature) entre deux chapitres permet de compléter notre curiosité sans pour autant interrompre le rythme du récit. Bref, pas de fausse note… ou presque ?

Quelques facilités inévitables

Certains lecteurs pourraient reprocher un manque d’approfondissement dans la construction du scénario. Cela aurait apporté davantage de crédibilité aux événements, davantage de matière aux personnages. Toutefois, le rythme intensif s’en serait trouvé affecté, et c’est justement ce dernier qui incite à poursuivre.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un roman young adult. Le plus important ici, c’est de captiver le lecteur, et non de le noyer sous une masse d’informations dont il se soucierait peu, en fin de compte. L’auteure s’est donc contentée d’explications parfois simplistes, mais diablement efficaces. Et personnellement, je comprends ses choix !

Vert ou Rouge ?

Avec 250 pensionnaires à la Croix d’If, les personnages sont forcément nombreux et il n’est pas toujours aisé de s’y retrouver. Pour être honnête, il m’est arrivé d’en confondre quelques-uns, alors qu’ils n’étaient pas dans le même camp. Toutefois, l’histoire ne suit le point de vue que d’un seul protagoniste, ce qui facilite notre avancée dans l’intrigue.

Le hic, c’est que Natt m’a semblé sans saveurs. Certes, il est gentil et attachant, mais il manque cruellement de caractère, contrairement à la Chouette ou Sabine dont les personnalités sont plus marquées, plus ambivalentes même. Au vu des circonstances, j’attendais un minimum d’initiative de sa part, mais celle-ci a été très limitée. Néanmoins, cela ne m’a pas empêchée de savourer ma lecture, rassurez-vous !

Mine de rien, on se questionne !

À travers un roman young adult assez court (366 pages), Tess Corsac pousse ses lecteurs à s’interroger. En effet, alors que je découvrais peu à peu ce qui se tramait à la Croix d’If, je ne cessais de me demander : et si j’avais été à la place de Natt, qu’aurais-je fait ? Quels auraient été mes choix ?

Bien sûr, ce genre de questionnements est le propre de l’anticipation, mais c’est brillamment exécuté ici. Je tiens donc à saluer le talent de l’auteure sur ce point. Identité individuelle et collective, rédemption et châtiment, pire et meilleur de l’âme humaine en période de crise : voici quelques exemples de thématiques abordées dans Les Nocturnes. Grandiose !

Une fin imparfaite, mais adaptée

En toute franchise, j’ignorais comment l’auteure allait bien pouvoir conclure son histoire. Celle-ci tenait la route – à peu de chose près, c’est vrai ! – et je craignais que tout ne s’effondre lors du dénouement. Cependant, celui-ci m’a paru équilibré. 

Pour moi, l’essentiel était surtout que l’on obtienne toutes les réponses. Et ce fut le cas ! J’ai donc refermé Les Nocturnes avec le sourire.

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Se perdre à l’orée des songes, Tess Corsac