Éditeur : Anne Carrière
Date de sortie : 7 mai 2021
Genres : fantasy politique, steampunk 

Synopsis

Alfred de Pergoal, ingénieur et créateur des plus beaux engins à vapeur de son temps, se rend au palais pour assister à la cérémonie du millénaire de Seth. Mais, en ce soir de fête, la capitale est une cocotte-minute. Les habitants, sous le joug d’une théocratie injuste et brutale, sont prêts à tous les excès, et même à la révolution.

Il va suffire d’un attentat pour sceller le destin du cercle-monde. Cette fois, c’est irrémédiable : l’Empire s’effondre.

Débute une nouvelle ère où s’affrontent les puissances monarchiques, militaires, religieuses et civiles. Dans cette guerre totale, les hommes et les femmes n’ont qu’un choix s’ils veulent survivre au chaos : devenir des traîtres ou des héros. Et la frontière entre les deux se résume souvent au succès ou à l’échec.

Critique

Mon amour pour la fantasy politique est sans limites 

C’est pourquoi, quand les éditions Anne Carrière m’ont proposé L’Empire s’effondre en service de presse, je n’ai pas hésité bien longtemps malgré un planning de lectures surchargé. Bon sang, ce que j’ai eu raison ! Ce premier volet fait honneur au genre et y ajoute même une touche bienvenue de steampunk. 

Je remercie donc la maison d’édition pour l’envoi de ce livre qui signe mon deuxième coup de cœur de l’année. Et parce qu’une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, sachez que par un heureux hasard, j’ai reçu deux exemplaires de ce tome 1. J’ai donc décidé de vous en faire gagner un sur mon compte Instagram. Restez à l’affût, le concours devrait débuter dans quelques jours !

Poser les bases, un impératif

Comme toutes les grandes histoires, il est essentiel d’exposer l’univers, de présenter les personnages et, surtout, de placer les pions sur l’échiquier du pouvoir. Par conséquent, les débuts peuvent paraître un peu lents, mais il n’en est rien. D’autant plus que l’attentat évoqué dans le synopsis survient dès le troisième chapitre. Seul petit bémol : les descriptions sont nombreuses, un peu trop parfois, mais elles laissent rapidement place à l’action.

Ainsi, pour aimer ce genre de récits – il s’agit de fantasy adulte qui contient des scènes de violences et de sexe, je préfère le préciser -, il faut savoir apprécier quelques détours. Et oui, l’idée n’est pas d’aller à l’essentiel, mais d’emprunter mille et un chemins (comme celui du couturier du héros, personnage très secondaire) pour enrichir l’intrigue et développer l’univers.

Quand les dieux rencontrent la technologie 

C’est un mélange assez détonnant, mais c’est aussi ce qui fait l’originalité de cette trilogie. L’auteur accorde d’ailleurs un soin tout particulier à la construction de son univers qui, d’après la quatrième de couverture, est largement inspiré de l’Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain, autrement dit de notre histoire. Une réécriture brillamment exécutée dont la réussite tient notamment aux détails.

Sébastien Coville met des mots, pose des cadres pour l’ensemble des aspects abordés : politique, économique, social, militaire et, bien évidemment, religieux. Autant d’informations qui participent à l’immersion du lecteur ! C’est donc avec une facilité déconcertante que j’ai pénétré ce monde proche de l’effondrement…

Une intrigue grandiose !

L’écrivain aborde la chute de la société avec beaucoup de minutie, voire de recul. Le pire et le meilleur en ressortent, comme dans toute révolte. Meurtres et sauvetages se côtoient, et on ne compte plus les dommages collatéraux !

Cette vision d’ensemble est néanmoins contrebalancée par le suivi de personnages qui nous sont chers. Je pense notamment à Léonore, mécanicienne au service du plus grand ingénieur de son temps, qui bien malgré elle se trouve en première ligne. Impuissante, elle assiste aux troubles qui assiègent la capitale et risque sa vie dans ses ruelles.

Bien sûr, ce n’est que le début. Le pouvoir en place cherche rapidement à mater les insurgés et la résistance, quant à elle, s’organise dans l’ombre. Et j’ai apprécié voir le processus se dérouler étape par étape même si, comme les personnages directement touchés, j’étais choquée par le comportement bestial des hommes. C’était comme s’ils étaient pris de folie !

Petit à petit, le phénomène prend de l’ampleur. Et d’une simple flamme, l’incendie se répand ! Chaque chapitre est alors synonyme de bouleversements, de trahisons et de machinations. Chaque jour qui passe est une victoire ou une défaite pour l’un des camps qui se disputent le pouvoir. Autant de promesses de rebondissements bien tenues !

La beauté du texte n’est pas étrangère à mon coup de cœur

Le texte est sublimé par la plume délicate de Sébastien Coville. Je ne sais combien de fois je me suis arrêtée sur une phrase, sur un paragraphe tant il sonnait juste. J’en ai donc profité pour relever deux exemples :

« En période de guerre, malheureusement, l’ennemi décide souvent à votre place. La paix n’est pas affaire de souhait mais de puissance, et celui qui souhaite la paix ne la demande pas, il l’impose. »

« Les ouvriers et les artisans, les petits et les damnés se résignaient à leur existence misérable au nom de ceux qu’ils aiment, parce qu’il le fallait bien, parce que la pauvreté n’est ni vice ni vertu, juste une affaire de naissance. Un état qui ne justifie rien mais qui entrave, quand la richesse libère. Riches et pauvres sont bien les mêmes hommes en ce qu’ils s’abandonnent tous à la fatalité. »

Le combat de grands esprits

Qui dit fantasy adulte dit pléthore de personnages. Alors certes, il n’est pas toujours facile de suivre le changement de point de vue, pourtant je trouve que Sébastien Coville s’en est admirablement bien tiré. Le fait d’accorder du temps à chacun de ses héros contribue selon moi à la réussite de ce premier tome.

Et si cela peut vous rassurer, L’Empire s’effondre débute avec quelques personnages au compteur. Ce n’est que progressivement que l’auteur vient ajouter des protagonistes, formant une toile cohérente et digne d’intérêt.

D’Alfred, de Léonore et de Phébus, je ne sais qui j’ai préféré. J’ai également aimé Arsène, l’un des principaux antagonistes, pour sa capacité à s’approprier le pouvoir par tous les moyens possibles, et particulièrement les plus rusés. En fait, ce sont tous de grands esprits propulsés à la tête d’un combat qui les dépasse tout simplement parce qu’ils sont capables de voir plus loin que l’évidence, de concevoir des plans ingénieux, d’anticiper les mouvements de l’adversaire, de calculer les risques avec précision. Mais qui se montrera le plus retors ? J’ai hâte de le découvrir !

Attention, leurs sentiments jouent également un rôle important. Parfois ils s’oublient au profit de l’amour ou de la colère, pèchent par excès de confiance ou reculent en craignant la mort. L’échiquier du pouvoir est donc le théâtre de coups de poker qui peuvent aussi bien sauver des milliers de personnes que les condamner. Cela est d’autant plus vrai que chacun poursuit un but qui lui est propre. Et si les intérêts convergent, ils peuvent aussi s’éloigner…

Ainsi, à la fin de ce premier volume, l’Empire s’est effondré, mais la guerre ne fait que commencer. Et j’ai hâte d’assister à la prochaine bataille !

Autres livres de Sébastien Coville

L’Empire s’effondre (tome 1), Sébastien Coville