Éditeur : Scrineo
Date de sortie : 17 septembre 2021
Genre : post-apocalyptique (young adult)

Synopsis

Ravagée par la main de l’homme, la Terre n’est plus celle que nous connaissons : les ressources viennent à manquer et les conditions météorologiques s’aggravent.

La ville de Shusharrah, quelque part en Afrique, attire des migrants venus des quatre coins du monde. Adam, le frère de Jeanne, est parti pour cette mysté rieuse cité voilà plusieurs années. Sans nouvelles de lui depuis un an, Jeanne décide de tout quitter pour se lancer à sa recherche.

Mais une fois arrivée à destination, c’est la surprise :Adam a disparu et rien n’est tel qu’elle l’avait imaginé. Les immigrés cherchant asile dans la cité sont tous regroupés dans un bidonville, confronté s à la réalité de ce qui s’avère n’être qu’un mirage. En plein deuil, Jeanne devra faire un choix : tenter de venir en aide à ces personnes ou parvenir à intégrer Shusharrah ?

Critique

Une nouveauté Scrineo signée Anthelme Hauchecorne et Emmanuel Chastellière

Si j’attendais Shusharrah avec autant d’impatience, c’est parce que j’ai apprécié, voire adoré, certaines œuvres de ces auteurs dont le talent ne fait aucun doute. Je pense notamment à Journal d’un marchand de rêves, one-shot aussi déluré que brillant pour lequel j’ai eu un gros coup de cœur, et à Célestopol 1922, un recueil de nouvelles qui met en scène des personnages forts dans un univers uchronique passionnant.

Après ces belles découvertes, Shusharrah ne pouvait être qu’une bonne lecture, pas vrai ? Eh bien, pas tant que ça ! Je remercie tout de même les éditions Scrineo pour l’envoi de ce roman qui plaira à d’autres lecteurs, j’en suis certaine.

Du post-apocalyptique… enfin presque !

Vous l’ignorez peut-être, mais je suis une férue du genre. J’aime les récits basés sur la survie, comme la trilogie Apocalypse Blues de Chloé Jo Bertrand, par exemple. J’attendais donc de Shusharrah de l’action, de la tension, de l’urgence. Autant d’éléments qui m’ont manqué, même s’ils sont présents en arrière-plan.

J’ai d’ailleurs eu l’occasion d’en discuter brièvement avec Emmanuel Chastellière sur Instagram. Il m’a ainsi révélé que c’était une réelle volonté de proposer quelque chose de différent. Pari réussi, en l’occurrence. Pour une fois néanmoins, je recherchais justement les codes classiques du genre, ce qui explique mon ressenti mitigé.

Jeanne, une héroïne peu attachante 

Tout au long du récit, elle se pose des questions – beaucoup de questions ! -, doute sans cesse et regrette nombre de ses choix, ce qui ralentit considérablement le rythme. Shusharrah est donc davantage dans l’introspection que dans l’action.

Cela permet bien évidemment de s’interroger sur l’immigration, de s’imaginer à la place de Jeanne, déboussolée depuis le départ de son frère. Le hic, c’est que je ne suis pas attachée à elle, alors qu’elle est le point central de l’histoire. La plupart du temps, je ne comprenais pas ses réactions. Alors que je m’insurgeais, elle restait totalement apathique. Alors que je me méfiais d’un personnage, elle lui accordait trop rapidement sa confiance. Bref, Jeanne et moi n’étions pas sur la même longueur d’ondes !

Quant aux autres personnages, ils ne m’ont pas fait forte impression. J’ai très vite apprécié Ben pour sa simplicité et sa capacité à se contenter de peu. En revanche, j’ai eu beaucoup de mal à cerner Dayot et Cham, mais c’est probablement un souhait des auteurs.

Shusharrah, la cité de toutes les promesses ?

Le roman porte son nom, la désignant comme le but ultime, l’objectif à ne pas perdre de  vue. Cependant, quand j’ai enfin mis les pieds dans la cité en compagnie de Jeanne, j’ai quelque peu déchanté. Tant d’efforts pour si peu de surprises !

Par chance, les auteurs finissent par nous révéler ce qui se cache sous le vernis reluisant de la cité, mais cela prend du temps. Surtout, les explications manquent de profondeur. Malgré un véritable potentiel, les auteurs ont choisi de ne pas creuser plus avant. Par exemple, Shusharrah impose des cours à ses citoyens, mais en quoi consistent-ils ? Quel est le programme de chacun ? Quelles fonctions sont-ils destinés à occuper ? Autant de questions qui sont restées sans réponses…

Un final plein de révélations, mais trop vite expédié

Explosives, les 50 dernières pages sont riches en rebondissements, ce qui a ravivé mon intérêt. Avouez tout de même que c’est un peu tard pour renouer avec l’intrigue. En outre, j’aurais apprécié que les auteurs prennent leur temps pour amorcer le dénouement, qu’ils s’attardent davantage sur certains points, qu’ils offrent des explications plus fournies. 

Bien sûr, ils ne possèdent pas les solutions aux problématiques que soulève l’immigration, monde post-apocalyptique ou pas. D’ailleurs, leur priorité est sûrement ailleurs. Selon moi, ce n’est pas tant l’envie de raconter une histoire qui les a motivés, mais plutôt celle d’alerter. Shusharrah rappelle sans détours qu’il est facile de rejeter la différence chez autrui, ou même de vouloir la détruire. Pourtant, n’est-on pas tous humains ? Un beau message que voilà !

Quoi qu’il en soit, cela n’a pas suffi à rendre cette lecture incroyable…

Des mêmes auteurs

Journal d’un marchand de rêves, Anthelme Hauchecorne
Journal d’un marchand de rêves (v2), Anthelme Hauchecorne
Le Carnaval aux Corbeaux, tome 1 : Le Nibelung, Anthelme Hauchecorne
Noces d’écailles, Anthelme Hauchecorne & Loïc Canavaggia
Chroniques des Cinq-Trônes, tome 1 : Moitiés d’âme, Anthelme Hauchecorne

Célestopol 1922, Emmanuel Chastellière